
Cameroonian Minister of Communication and government spokesperson, Issa Tchiroma, speaks on October 12, 2014 in Yaounde, to AFP journalists about the release on the eve of the 27 hostages abducted on May 16 in Waza and July 27 in Kolofata in raids blamed on the Nigerian Islamist group Boko Haram. Ten Chinese and 17 local hostages, who also included the wife of Cameroon's deputy prime minister, were all "safe and sound," President Paul Biya said. AFP PHOTO / PACOME PABANDJI

(lavoixdesentreprises.info)- La présence de travailleurs étrangers en situation irrégulière au Cameroun, constitue un défi majeur pour le gouvernement, qui peine à mobiliser les recettes fiscales nécessaires. Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi, a récemment mis en lumière cette problématique lors d’un atelier sur le prélèvement des frais de visa de travail.
Le Cameroun fait face à une situation préoccupante concernant l’emploi des travailleurs étrangers. Selon des chiffres avancés par Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, environ 30 000 de ces travailleurs évolueraient dans l’illégalité. Ce constat a été partagé lors d’un atelier dédié à la sensibilisation sur les mesures relatives aux visas de travail, indiquant une réalité alarmante pour les finances publiques.
Les données évoquées par le ministre révèlent qu’il existe au moins 60 000 étrangers titulaires de visas ou de cartes de séjour au Cameroun, parmi lesquels 12 000 sont originaires de Chine. Bien que tous ne soient pas nécessairement des travailleurs au sens strict du Code du Travail, une estimation indique que près de la moitié serait en situation irrégulière. À cette population, s’ajoutent de nombreux étrangers exerçant des activités professionnelles de manière autonome, sans déclaration officielle.
Cette situation a des répercussions directes sur les recettes fiscales de l’État. De nombreuses entreprises qui emploient des travailleurs étrangers ne déclarent pas ces derniers, entraînant ainsi une perte significative de revenus pour le gouvernement. En effet, des milliers de travailleurs étrangers œuvrent en toute impunité, ce qui nuit également à l’employabilité des Camerounais.
Les chiffres relatifs à cette problématique ont connu une évolution frappante au cours des deux dernières années. En 2023, les autorités estimaient à 10 000 le nombre de travailleurs étrangers en infraction, tandis qu’ils n’étaient que 4 000 à être en règle. Ce phénomène a des conséquences sur les prévisions de recettes non fiscales du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Pour l’année 2023, sur un objectif de 14 milliards FCFA, seulement 5 milliards ont été collectés. Pour 2024, l’objectif fixé était de 20 milliards FCFA, mais à peine 14,5 milliards ont été engrangés.
Il est essentiel de noter que la loi de finances pour 2023 a introduit une contribution financière à percevoir sur les visas associés aux contrats des travailleurs étrangers. Ce prélèvement est fixé à deux mois de salaire brut pour les non-Africains et à un mois avec un abattement de 50 % pour les travailleurs africains. Si les entreprises régularisent la situation de leurs employés, cette mesure pourrait générer plus de 30 milliards FCFA par an pour les caisses de l’État.
Le gouvernement camerounais espère tirer profit de ces recettes pour financer le développement de la formation professionnelle. En effet, les fonds ainsi collectés devraient contribuer à moderniser 288 sections artisanales rurales et ménagères en véritables centres de formation aux métiers de demain. De plus, la loi de finances 2025 prévoit que les consultants étrangers devront également s’acquitter de frais de visa calculés à 5 % de leurs rémunérations annuelles. Cette initiative vise à optimiser les recettes non fiscales du ministère, dans l’espoir d’améliorer la situation économique du pays.
La régularisation de la situation des travailleurs étrangers est donc un enjeu crucial pour le Cameroun, tant sur le plan économique que social. Le gouvernement doit intensifier ses efforts pour intégrer ces travailleurs dans le système légal, afin de garantir une concurrence équitable sur le marché du travail et de maximiser les revenus de l’État.
Tressy Chouente
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