
(LVDE) – Le 12 octobre prochain, les Camerounais voteront pour élire leur président. Paul Biya, déjà au pouvoir depuis 43 ans, se représente pour la 8e fois comme candidat. Dans ce contexte électoral, les opérateurs économiques scrutent de près les implications économiques et politiques d’un scrutin aux résultats jugés prévisibles.
La présidentielle camerounaise de 2025 se profile comme un événement crucial pour le pays et pour ses investisseurs. Le 12 octobre, les électeurs se prononceront sur la possibilité d’accorder un nouveau mandat au président Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis plus de quatre décennies. Bien que l’issue semble déjà déterminée, plusieurs facteurs économiques et politiques retiennent l’attention des acteurs du marché.
Les principaux challengers de Biya, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de l’Emploi, et Bello Bouba Maigari, son ancien Premier ministre, peinent à rivaliser avec l’influence du président sortant. L’absence notable de Maurice Kamto, le principal adversaire dont la candidature a été invalidée par une commission électorale controversée, soulève des questions sur la légitimité du processus électoral et sur la manière dont cela pourrait affecter la perception des investisseurs étrangers.
Le Cameroun a récemment émergé sur le marché des euro-obligations, ayant émis sa première obligation internationale en 2015. En 2024, le pays a de nouveau sollicité les marchés pour un montant qui arrivera à échéance en 2032. Cette évolution a attiré l’attention des investisseurs, en particulier dans un contexte où le pays bénéficiait d’un programme de 689,5 millions de dollars du FMI et de 181,7 millions de dollars de la Facilité pour la résilience et la durabilité, tous deux arrivés à échéance en juillet dernier. La possibilité d’un nouvel accord avec le FMI est un point crucial que les investisseurs scrutent de près.
L’économie camerounaise est structurellement dépendante des exportations de matières premières, notamment le cacao, dont le pays est le cinquième producteur mondial, ainsi que du pétrole, du gaz et du bois. Cette dépendance rend l’économie particulièrement vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières sur le marché international. Le FMI a qualifié la dette du Cameroun de soutenable, mais elle présente un risque accru de surendettement, en raison d’un recours croissant à l’emprunt et d’une gestion de la dette jugée inefficace.
Le futur président, quel qu’il soit, se trouvera face à des défis considérables. Le gouvernement prévoit d’emprunter 1,6 milliard de dollars tant sur le marché local qu’international pour combler un déficit budgétaire croissant, accentué par des baisses de financements externes. De plus, une obligation initiale de 750 millions de dollars arrivera à échéance en novembre 2025, ce qui pourrait entraîner une pression supplémentaire sur les finances publiques.
Les problèmes ne s’arrêtent pas là. Le Cameroun doit également faire face à des défis environnementaux croissants, tels que des sécheresses et des inondations, qui menacent la productivité agricole et, par conséquent, la sécurité alimentaire du pays. Cette instabilité climatique pourrait freiner la production de produits essentiels, aggravant ainsi les défis économiques auxquels le gouvernement devra faire face.
La santé de Paul Biya est également un sujet de préoccupation majeur pour les investisseurs. À son âge avancé, l’absence d’un plan de succession clair suscite des inquiétudes quant à la stabilité politique du pays et à la continuité des politiques économiques. Tout changement dans la direction pourrait avoir des répercussions significatives sur la confiance des investisseurs et sur la trajectoire économique du Cameroun.
Anatole Bidias
(Source : https://businessfinanceint.com)

