
(LVDE) – Au premier trimestre 2025, le pays a enregistré un déficit commercial réduit à 32,7 milliards FCFA, grâce à une flambée des exportations de cacao. Cependant, cette amélioration soulève des questions sur la durabilité de cette tendance face à une dépendance aux produits primaires et aux importations alimentaires.
Le commerce extérieur du Cameroun a manifesté un redressement impressionnant au début de l’année 2025, avec un déficit commercial tombé à 32,7 milliards FCFA, en baisse de 240,3 milliards par rapport à l’année précédente. Cette performance, révélée par l’Institut National de la Statistique le 29 septembre, est le fruit d’une hausse significative des exportations, qui ont grimpé de 35,3 % pour atteindre 1 118 milliards FCFA, tandis que les importations ont connu une augmentation modeste de seulement 4,7 %, s’élevant à 1 150 milliards FCFA. Une telle amélioration est rare et mérite d’être mise en lumière, surtout dans un contexte international marqué par la volatilité des prix des matières premières.
Le principal moteur de cette embellie est le cacao, dont les recettes ont franchi un seuil historique de 500 milliards FCFA au cours du premier trimestre. Ce chiffre représente près de 45 % des revenus d’exportation totale, soulignant l’importance cruciale de ce produit pour l’économie camerounaise. La flambée des prix sur les marchés internationaux, due à des tensions d’offre et à une demande soutenue, a permis aux producteurs locaux de bénéficier d’une hausse de 134 % par rapport à l’année précédente, alors que les volumes exportés sont restés relativement constants.
Cependant, cette dépendance à un seul produit pose des questions sur la durabilité de ce succès. Les hydrocarbures, bien que toujours présents dans les exportations, ont connu des performances inégales. Les huiles de pétrole ont généré 212 milliards FCFA, mais avec une baisse de 14,4 % en glissement annuel. En revanche, le gaz naturel liquéfié a enregistré une hausse de 14,7 %, avec des recettes estimées à 122 milliards FCFA. Ces fluctuations mettent en évidence la vulnérabilité de l’économie camerounaise face aux variations de prix des matières premières.
En parallèle, les importations ont continué d’afficher des chiffres élevés, atteignant 1 150 milliards FCFA, augmentant de 4,7 % par rapport à l’année précédente. Cette facture importatrice reste une contrainte structurelle pour l’économie nationale. La hausse des achats de produits alimentaires et industriels, en particulier des céréales, qui représentent à elles seules 128 milliards FCFA, soulève des inquiétudes quant à la sécurité alimentaire du pays. Le riz, avec 81 milliards FCFA, connaît une augmentation de 42,9 %, tandis que le blé, en déclin, a rapporté 43 milliards. Cette dépendance alimentaire souligne la fragilité du Cameroun face aux crises géopolitiques et climatiques.
Sur le plan énergétique, bien que la facture liée aux hydrocarbures ait légèrement diminué grâce à une chute des importations, le besoin en biens de consommation, en équipements et en matières premières continue de croître. Les machines et appareils mécaniques, représentant 102 milliards FCFA, ainsi que les véhicules et tracteurs, sont des indicateurs d’une économie qui doit encore s’appuyer sur l’extérieur pour son développement.
Malgré une nette amélioration de la balance commerciale, le déficit hors hydrocarbures demeure préoccupant, atteignant 245 milliards FCFA, bien qu’en baisse par rapport à 2024. Cela indique que le rééquilibrage de la balance commerciale est largement conjoncturel, tributaire de la performance du cacao et, dans une moindre mesure, des hydrocarbures.
Les implications économiques de cette situation sont multiples. À court terme, une réduction du déficit peut renforcer les réserves de change et alléger la pression sur la balance des paiements, favorisant ainsi la stabilité macroéconomique. Cependant, à long terme, la forte dépendance à des produits primaires expose le Cameroun à des risques considérables. Une chute des prix du cacao ou du pétrole pourrait rapidement inverser cette tendance positive.
De plus, la dépendance aux importations alimentaires fragilise la sécurité alimentaire, rendant l’économie vulnérable aux chocs extérieurs. La nécessité de développer des capacités de transformation locale et d’adopter une politique agricole proactive est primordiale pour amortir ces risques.
En conclusion, bien que le premier trimestre 2025 apporte une lueur d’espoir pour le commerce extérieur du Cameroun, il rappelle également l’urgence de consolider les bases structurelles de l’économie. Sans diversification des exportations et transformation locale accrue, le pays continuera d’être à la merci des fluctuations des marchés internationaux.
Anatole Bidias

