
(lavoixdesentreprises.info) – Dans leur défi contre les multinationales pétrolières, tout en naviguant entre les enjeux de réglementation des changes et les menaces de blocage du soutien du FMI, les pays de la CEMAC reçoivent l’appui de la France. Ce soutien a été dévoilé au cours d’une réunion de haut niveau tenue à Paris le 17 avril 2025.
Dans un contexte de tensions croissantes concernant la réglementation des changes, Paris a réaffirmé son soutien à la politique de rapatriement des devises initiée par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) le 17 avril dernier, au cours d’une réunion de haut niveau tenue à Paris, réunissant des responsables économiques de la France et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Cette rencontre, orchestrée par Éric Lombard, ministre français de l’Économie, et Iván Bacale Ebe Molina, ministre équato-guinéen, avait pour objectif d’aborder les enjeux économiques cruciaux qui pèsent sur cette région.
La France s’engage à soutenir les efforts de la CEMAC, notamment dans la mise en œuvre de la réglementation des changes et dans les relations avec le Fonds monétaire international (FMI). Cependant, les modalités précises de ce soutien demeurent floues. Les pays de la CEMAC se retrouvent en effet dans un bras de fer avec les géants pétroliers et miniers. Récemment, une proposition législative a été introduite par Bill Huizenga, élu républicain du Michigan, visant à suspendre toute assistance du FMI aux nations de cette région, ce qui complique davantage la situation économique.
La BEAC a fixé un ultimatum au 30 avril 2025 pour que les entreprises signent des conventions de comptes séquestres qui faciliteront le rapatriement des fonds RES. En cas de non-respect de cette échéance, des sanctions sévères seront imposées. Ce scénario est d’autant plus préoccupant que Washington pourrait exercer son droit de veto au sein du FMI, bloquant ainsi des soutiens financiers cruciaux pour les pays concernés.
En amont de cette réunion, une concertation entre les États et les compagnies pétrolières a eu lieu les 15 et 16 avril, mais elle n’a pas permis d’atteindre un consensus. Les industriels ont insisté pour que la BEAC renonce à son immunité d’exécution, une exigence inacceptable pour l’institution. Une ultime rencontre est prévue le 22 avril à Washington, dans l’espoir de trouver un compromis.
Les enjeux économiques sont colossaux pour les pays de la CEMAC. Un recul dans leurs négociations pourrait compromettre gravement leurs réserves extérieures, actuellement estimées à 4,8 mois d’importations. Une étude de la BEAC a révélé que le rapatriement des fonds RES pourrait générer jusqu’à 6 000 milliards FCFA, soit environ 9,6 milliards de dollars, renforçant ainsi la stabilité économique de la région. À l’inverse, un retrait du soutien du FMI risquerait d’entraîner des instabilités macroéconomiques majeures.
Le ministre français a souligné l’importance cruciale de ces soutiens pour accompagner les réformes économiques et la consolidation budgétaire. NJ Ayuck, Président de la Chambre Africaine de l’Énergie, a exprimé que les règlements actuels freinent le développement de la région et qu’une renégociation s’impose. Il a averti que le respect strict des réglementations pourrait réduire les investissements étrangers de 45 milliards de dollars d’ici 2050 et entraîner des pertes de 86 milliards de dollars en recettes publiques.
Ainsi, la situation demeure tendue, avec des décisions cruciales à prendre dans un climat économique incertain. Les pays de la CEMAC doivent naviguer habilement entre leurs aspirations à un rapatriement efficace des devises et les pressions exercées par les multinationales, tout en cherchant à maintenir le soutien vital du FMI et d’autres partenaires internationaux. La suite des événements sera déterminante pour l’avenir économique de cette région d’Afrique centrale.
Anatole Bidias
About The Author
En savoir plus sur La Voix des Entreprises
Subscribe to get the latest posts sent to your email.