

(lavoixdesentreprises.info) – Dans une démarche novatrice, la Banque africaine de développement (BAD) s’associe à Interpol pour lutter contre la criminalité financière en Afrique. Ce partenariat, signé à Abidjan, vise à protéger les ressources de développement et à contrer les flux financiers illicites qui pénalisent le continent.
Le 20 février dernier, à Abidjan, un accord a été conclu entre la Banque africaine de développement (BAD) et Interpol, marquant une étape importante dans la lutte contre la criminalité financière et la corruption sur le continent africain. Avec cette collaboration, la BAD devient la première institution multilatérale à unir ses forces avec Interpol, une démarche qui souligne l’urgence de répondre à un problème alarmant : les flux financiers illicites qui s’élèvent à 90 milliards de dollars par an en Afrique. Ces sommes considérables, qui pourraient être investies dans des secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures, échappent malheureusement aux économies nationales à cause de diverses pratiques frauduleuses.
Akinwumi Adesina, président de la BAD, a exprimé l’importance de cette alliance en affirmant que celle-ci témoigne de l’engagement de l’institution à sécuriser les ressources destinées au développement. Il a également rappelé que la BAD a été désignée, à deux reprises, comme la banque multilatérale la plus transparente à l’échelle mondiale par l’organisation Publish What You Fund. Ce partenariat s’inscrit donc dans une volonté affirmée de garantir que les fonds alloués aux projets de développement atteignent effectivement ceux qui en ont besoin.
La coopération entre la BAD et Interpol s’articule autour de plusieurs axes stratégiques. L’une des priorités consiste à renforcer les capacités d’enquête, un objectif qui sera atteint grâce à une synergie entre le Bureau de l’intégrité et de lutte contre la corruption de la BAD et le Centre de lutte contre la criminalité financière d’Interpol. En outre, cette collaboration vise à mettre en place des mécanismes préventifs pour lutter contre la cybercriminalité et le blanchiment d’argent, deux menaces qui se sont intensifiées avec l’expansion du numérique. La BAD s’attachera aussi à améliorer les systèmes de connaissance du client et de diligence raisonnable pour réduire les risques de fraude et de corruption.
Le rapport d’Interpol intitulé « Évaluation de la fraude financière mondiale 2024 » met en lumière les principales menaces pesant sur l’économie numérique en Afrique. Parmi celles-ci, les compromissions de courriels professionnels, l’hameçonnage et les diverses fraudes en ligne sont particulièrement préoccupantes. Valdecy Urquiza, secrétaire général d’Interpol, a souligné que la nature dynamique de la criminalité financière nécessite des partenariats robustes entre les forces de l’ordre et les institutions financières pour répondre efficacement à ces défis.
Cela dit, ce partenariat entre la BAD et Interpol représente une avancée significative dans la lutte contre les dérives financières qui affligent le continent. En unissant leurs ressources et leurs expertises, ces deux entités espèrent créer un environnement plus sécurisé pour les investissements et le développement économique en Afrique. Ce type d’initiative ne peut qu’encourager d’autres organisations à suivre cet exemple, en mettant en lumière l’importance d’une coopération internationale pour faire face à des enjeux aussi complexes que la criminalité financière et la corruption.
La signature de cette lettre d’intention ne marque pas seulement le début d’une collaboration, mais elle incarne également une volonté collective de bâtir un avenir plus transparent et équitable pour le développement en Afrique. En poursuivant cette voie, la BAD et Interpol espèrent créer un cadre propice à la croissance économique, en veillant à ce que les ressources destinées au développement soient protégées et utilisées à bon escient.
Tressy Chouente
About The Author
En savoir plus sur La Voix des Entreprises
Subscribe to get the latest posts sent to your email.