
(lavoixdesentreprises.info) – La Société sucrière du Cameroun (Sosucam), filiale du groupe Somdia, devrait enregistrer des pertes de 22 milliards FCFA pour l’exercice 2024. Ces résultats, déjà alarmants, sont exacerbés par des émeutes récentes qui compromettent encore davantage l’avenir de l’entreprise.
La fin de l’exercice 2024 a été particulièrement difficile pour la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), qui devrait afficher des pertes s’élevant à 22 milliards FCFA. Ce chiffre a été confirmé lors d’une conférence de presse le 19 février par Jean-François Ntsama Etoundi, directeur général adjoint de la société. La situation financière de l’entreprise est déjà préoccupante, avec des pertes de 15 milliards FCFA pour l’année précédente.
Les difficultés rencontrées par la Sosucam sont attribuées à plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’escalade des coûts des intrants agricoles, combinée à une augmentation des charges fiscales, a eu un impact significatif sur la rentabilité. En parallèle, les ventes se sont révélées largement inférieures aux prévisions, tandis que la production a également été décevante. Pour l’année 2024, la Sosucam visait une production de 90 000 tonnes de sucre, mais au terme de la campagne, seulement 70 000 tonnes ont été récoltées. Le directeur général adjoint a d’ailleurs confirmé une production estimée entre 85 000 et 90 000 tonnes.
Les causes de ces résultats décevants sont également ancrées dans l’historique. La campagne 2021 avait déjà souffert d’une sécheresse sévère, entraînant des performances en deçà des attentes. Cette situation a conduit la direction à engager un plan de restructuration sociale, avec le licenciement de 430 employés depuis 2021, afin de gérer les difficultés financières. Toutefois, une nouvelle vague de licenciements prévue pour 2024 a été suspendue grâce à l’intervention du gouvernement, représenté par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona.
Les perspectives pour 2025 s’annoncent particulièrement sombres. La récente crise qui a paralysé l’entreprise pendant près de deux semaines a eu des conséquences désastreuses. Les pertes dues à cette période tumultueuse sont estimées à 5 milliards FCFA, avec des dégâts significatifs, notamment près de 1 000 hectares de plantations détruits et 50 000 tonnes de canne à sucre perdues. Cette crise a été provoquée par une grève menée par des coupeurs de canne mécontents de leurs conditions de travail et de leur rémunération. Malgré une légère augmentation de leur salaire de base, jugée insuffisante par de nombreux travailleurs, la situation a mené à une désertion massive des plantations. Pour compenser ce manque de main-d’œuvre, la direction a dû recruter 600 nouveaux coupeurs de canne.
Fondée en 1965, la Sosucam demeure le leader du marché camerounais du sucre, avec une participation de 74 % de capitaux français et 26 % de l’État camerounais. L’entreprise génère environ 8 000 emplois directs et indirects, avec une masse salariale annuelle de 14 milliards FCFA. Malgré sa position stratégique sur le marché, la Sosucam peine à répondre à la demande nationale, estimée à environ 300 000 tonnes par an, ce qui contraint régulièrement l’État à autoriser des importations pour équilibrer l’offre.
Ainsi, la situation actuelle de la Sosucam illustre les défis considérables auxquels l’entreprise fait face, tant sur le plan économique que social. Les perspectives incertaines pour l’année à venir soulignent la nécessité d’une réflexion approfondie sur les stratégies à adopter pour redresser la barre et assurer la pérennité de cette institution clé de l’industrie sucrière camerounaise.
Amélie Yandal
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