
(lavoixdesentreprises.info) – Depuis la suspension des activités de Fly ZeJet en avril 2024, les employés de la compagnie aérienne camerounaise se battent pour obtenir leurs salaires. Dans une pétition adressée aux actionnaires, ils expriment leur désespoir face à une situation financière de plus en plus critique, exacerbée par un conflit interne entre les actionnaires.
La situation des employés de Fly ZeJet, compagnie aérienne camerounaise, est devenue alarmante. Le 9 janvier 2025, une lettre ouverte a été adressée aux actionnaires pour dénoncer le non-paiement des salaires depuis plus de huit mois, plongeant ainsi ces travailleurs dans une précarité insupportable. Depuis la suspension des opérations de Fly ZeJet, intervenue le 30 avril 2024 en raison d’un conflit d’actionnaires, le quotidien des employés est devenu particulièrement difficile. Dans leur pétition, ils soulignent les impacts sur leur vie personnelle, notamment la nécessité de subvenir aux besoins de leurs familles et de scolariser leurs enfants.
Leurs revendications ne sont pas infondées. En effet, les employés ont été invités, en mai 2024, à soutenir une nouvelle direction par l’intermédiaire du président du Conseil d’administration, Célestin Nana Tchouankam. Malgré leur bonne volonté et leur patience, il est devenu évident que les préoccupations des actionnaires et du Conseil d’administration ne prenaient pas en compte leur situation. Les employés se sentent abandonnés, alors même qu’ils avaient cru en un redressement rapide de la compagnie, qui avait montré des signes de performance encourageante avant cette crise.
Le bouleversement au sein de la direction de Fly ZeJet a commencé lors d’un Conseil d’administration tenu le 5 avril 2024. Le fondateur de la compagnie, Christophe Semengue, qui détient 37,5 % des parts, a été évincé de son poste de directeur général et remplacé par Constant Max Mve Minsi. Cette annonce a été communiquée dans une note officielle datée du 26 avril 2024, mais a été contestée par Semengue lui-même, qui a dénoncé un « conseil d’administration par embuscade » et a mis en lumière des intérêts cachés parmi certains administrateurs.
Le conflit se complexifie avec l’implication de la société Global Trade Corporation Sarl (GTC Sarl), qui détient 50 % des actifs de Fly ZeJet. Cette entreprise, dirigée par Christian Mataga, est connue pour ses liens étroits avec le fils du président camerounais, Franck Biya. Les tensions entre Semengue et les administrateurs de GTC Sarl révèlent des désaccords stratégiques quant à l’orientation de Fly ZeJet. Alors que Semengue souhaite positionner sa compagnie comme un concurrent de Camair Co, la compagnie aérienne nationale, GTC Sarl semble favoriser une approche de partenariat, envisageant même des transactions d’avions entre les deux entités.
La Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), qui possède 12,5 % des parts de Fly ZeJet, reste jusqu’à présent en retrait dans ce conflit. Sa position pourrait cependant évoluer, d’autant plus que la compagnie, après seulement huit mois d’activité, avait déjà annoncé un chiffre d’affaires de 1,2 milliard FCFA à la fin de 2023, avec l’ambition de doubler ce montant lors de sa deuxième année d’exploitation.
Pour les employés de Fly ZeJet, la situation est de plus en plus inquiétante. Chaque jour qui passe sans salaire creuse un peu plus leur détresse. Les familles, déjà éprouvées par l’incertitude économique, voient leur quotidien se compliquer davantage. Cette crise met en lumière non seulement les tensions internes au sein de la compagnie, mais aussi les conséquences dramatiques d’un conflit d’intérêts qui semble primer sur le bien-être des employés. Dans ce contexte, la pétition des travailleurs de Fly ZeJet est un cri d’alarme, un appel désespéré à la responsabilité des actionnaires et de la direction pour qu’ils prennent en considération l’humain avant toute autre considération.
R.M.
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