
(LVDE) – Au premier trimestre 2025, le Cameroun a franchi un cap historique en matière d’exportations, avec des recettes atteignant 1 118 milliards FCFA, une hausse nette de 35,3 % par rapport à l’année précédente. Cette performance est principalement due à la forte demande de cacao sur le marché international, qui a surpassé les revenus générés par le pétrole, traduisant une nouvelle dynamique économique.
Le premier trimestre de l’année 2025 marque un tournant pour l’économie camerounaise. Les exportations du pays ont enregistré un montant total de 1118 milliards FCFA, une performance jamais atteinte depuis des années. Ce chiffre, en hausse de 35,3 % par rapport aux 826 milliards FCFA de la même période en 2024, témoigne d’une dynamique positive sur le marché extérieur. Selon l’Institut national de la statistique (INS), cette augmentation est en grande partie propulsée par les ventes de fèves de cacao, qui ont rapporté 500,3 milliards FCFA, soit 44,8 % des recettes totales.
Cette performance du cacao est d’autant plus significative qu’elle fait ombrage aux hydrocarbures, traditionnellement les champions des exportations camerounaises. En effet, les recettes générées par le pétrole brut ont chuté à 212 milliards FCFA, représentant seulement 19 % des revenus d’exportation. Le gaz naturel liquéfié, pour sa part, a contribué à hauteur de 122 milliards de FCFA, soit 10,9 % des recettes. Cette inversion des priorités témoigne d’une évolution des marchés, où le cacao bénéficie de prix attractifs, ayant connu une embellie depuis 2023.
Cette dynamique a aussi permis de réduire le déficit commercial du Cameroun de manière spectaculaire. En effet, le pays a vu son déficit passer à 32,7 milliards FCFA, soit une baisse impressionnante de 88 % par rapport à la même période l’an dernier. Cette amélioration est le résultat d’une gestion prudente des dépenses d’importation, qui ont augmenté de 4,7 % pour atteindre 1150 milliards FCFA, une hausse modeste en regard des gains réalisés sur le front des exportations.
Les experts de l’INS soulignent que cette embellie des échanges commerciaux est davantage influencée par des facteurs conjoncturels, notamment les prix mondiaux favorables, plutôt que par une réelle offensive des producteurs locaux sur le marché international. En effet, la stabilité du volume des marchandises exportées laisse entrevoir que l’augmentation des recettes est principalement liée à une hausse des prix, plutôt qu’à une augmentation significative des quantités exportées.
En dépit des efforts du gouvernement en matière de politique d’import-substitution, les résultats ne traduisent pas une évolution structurelle du secteur. Les analystes estiment qu’il est crucial pour le Cameroun de diversifier ses exportations et de renforcer la compétitivité de ses produits sur le marché international. La dépendance historique vis-à-vis des hydrocarbures demeure un point de vulnérabilité, et le cacao, bien qu’il offre des perspectives prometteuses, ne doit pas devenir le seul pilier de l’économie camerounaise.
Ainsi, la performance des exportations au premier trimestre 2025, bien qu’encourageante, doit être tempérée par une analyse critique des structures économiques sous-jacentes. Le défi pour le Cameroun sera de capitaliser sur cette dynamique du cacao tout en explorant d’autres secteurs afin de garantir une croissance économique durable et résiliente dans les années à venir.
Amelie Yandal

