

(lavoixdesentreprises.info) – Lors de la cérémonie d’ouverture de la 11e édition du Forum Douane-Entreprises, tenu le 23 janvier 2025 à Douala et présidée par le Secrétaire général des services du gouverneur de la République du Littoral, les échanges ont permis d’examiner les défis liés à la transformation structurelle de l’économie camerounaise. Un examen approfondi des enjeux, des outils déployés et des obstacles persistants révèle un processus encore en cours, avec des résultats mitigés et un besoin urgent de renforcer la gouvernance.
Le Cameroun a mis en lumière les enjeux cruciaux de la transformation structurelle de son économie à l’occasion de la 11e édition du Forum Douane-Entreprises, tenu le 23 janvier dernier dans la capitale économique, Douala. Ce processus, qui vise à diversifier les activités économiques et à accroître la productivité, est devenu une nécessité face à une économie qui, bien que résiliente, peine à trouver un nouveau souffle.
Au cours des échanges, il a été constaté que le pays a lancé la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30), centrée sur l’importation de substitution, l’amélioration des infrastructures et la modernisation des secteurs clés, tels que l’énergie, l’agro-industrie et les services numériques. Les initiatives proposées incluent des mesures incitatives telles que l’exonération fiscale pour les investissements, la numérisation des démarches administratives et le soutien à certaines filières stratégiques. L’objectif affiché est de réduire la dépendance aux importations, de revitaliser la production locale et d’alléger le déficit commercial.
Cependant, la mise en œuvre de cette transformation s’opère dans un environnement national et international complexe. Les crises sécuritaires et sociales, notamment les tensions dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi que les menaces terroristes dans l’Extrême-Nord, continuent de peser sur le développement économique. Sur le plan international, des événements comme la pandémie de COVID-19 et le conflit en Ukraine ont perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales et accentué les pressions inflationnistes. Les Accords de Partenariat Économique (APE) facilitent l’accès des produits européens au marché camerounais, mais la vulnérabilité de l’industrie locale limite les possibilités d’exportation, complexifiant davantage la tâche du Cameroun.
Les résultats jusqu’à présent sont mitigés. Malgré les réformes entreprises, les indicateurs macroéconomiques reflètent une performance en demi-teinte. En 2024, la croissance du PIB réel a chuté à 3,2 %, après avoir atteint 3,7 % en 2023, tandis que l’inflation demeure élevée à 5,1 %. Bien que le secteur tertiaire montre des signes de croissance, les secteurs primaire et secondaire stagnent, ce qui soulève des inquiétudes. Le ratio dette/PIB, qui a atteint 36,8 % en 2019, fragilise encore davantage l’économie. De plus, les transferts illicites de fonds et une gouvernance économique insuffisante aggravent les défis, menaçant ainsi la stabilité monétaire et les réserves de change de la CEMAC.
Pour que la transformation structurelle soit vraiment efficace, plusieurs mesures doivent être envisagées. D’abord, il est essentiel de renforcer la gouvernance économique. La lutte contre les transferts illicites et la fraude douanière doit être une priorité pour protéger les réserves de change du pays. Ensuite, il est crucial d’accélérer le processus d’industrialisation en multipliant les incitations à l’investissement local tout en simplifiant les démarches administratives. Diversifier les chaînes de valeur est également un point clé, car la transformation des ressources locales et l’intégration régionale sont nécessaires pour construire une économie plus robuste.
En outre, la modernisation des infrastructures doit être une priorité. L’amélioration de l’accès à l’énergie, aux transports et aux technologies est indispensable pour attirer des investissements stratégiques. Bien que le chemin à parcourir soit semé d’embûches, la transformation structurelle est une condition sine qua non pour l’émergence du Cameroun d’ici 2035. En mettant en œuvre des réformes audacieuses et en adoptant une gouvernance plus rigoureuse, le pays peut espérer bâtir une économie plus inclusive, durable et compétitive sur la scène internationale.
Raphaël Mforlem
About The Author
En savoir plus sur La Voix des Entreprises
Subscribe to get the latest posts sent to your email.