
(lavoixdesentreprises.info) – En ce mois de juin 2025, le secteur du ciment au Cameroun s’apprête à connaître une nouvelle dynamique avec l’introduction de la marque Cimaco, produite par la société chinoise Sinafcam Sarl. Cette initiative, qui marque l’entrée d’un nouvel acteur sur un marché déjà concurrentiel, soulève des questions sur l’évolution des prix et son impact sur les consommateurs.
Le mois de juin 2025 est un tournant pour l’industrie du ciment au Cameroun. La société Sinafcam Sarl, installée à Edéa, dans la région du Littoral, a annoncé le lancement de sa nouvelle marque de ciment, Cimaco. Avec une capacité de production initiale d’un million de tonnes par an, Cimaco s’inscrit dans une stratégie visant à diversifier l’offre sur un marché qui a vu l’arrivée de plusieurs cimenteries depuis la fin du monopole de Cimencam en 2015.
Sinafcam ne lance pas seulement un produit, mais trois gammes de ciments : 32.5, 42.5 et 52.5. Cette diversification vise à répondre aux besoins variés des consommateurs et des professionnels du bâtiment. L’annonce de l’arrivée de Cimaco fait écho à la croissance continue du marché du ciment au Cameroun, qui compte désormais sept unités de production. Ce chiffre est révélateur d’une libéralisation du secteur, qui a longtemps été dominé par Cimencam, une filiale de Lafarge Holcim Maroc Afrique, qui, pendant presque cinq décennies, contrôlait 2,3 millions de tonnes de production.
L’émergence de concurrents comme Dangote Cement, qui a débuté ses opérations en 2015 avec une capacité de 1,5 million de tonnes, a indéniablement bouleversé l’équilibre du marché. D’autres acteurs tels que le marocain Cimaf, dont la production a été récemment triplée à 1,5 million de tonnes, et Medcem Cameroun, filiale du groupe turc Eren Holding, apportent également leur pierre à l’édifice. Mira Company et Cimpor complètent le tableau avec respectivement 1,5 million et 1 million de tonnes de ciment.
Cependant, malgré cette concurrence croissante, le prix du ciment reste un sujet de préoccupation. Actuellement, le coût d’un sac de 50 kg oscille entre 5 100 FCFA et 5 300 FCFA dans les grandes villes comme Douala et Yaoundé, un tarif jugé élevé par de nombreux consommateurs. Les producteurs et les responsables gouvernementaux attribuent ces prix aux coûts d’importation du clinker, un matériau essentiel dans la production de ciment. Toutefois, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a soulevé des soupçons d’entente illicite entre les producteurs, suggérant que ces prix élevés ne sont pas uniquement le résultat de facteurs économiques.
L’arrivée de Cimaco ne peut donc pas être envisagée sans un examen approfondi de l’impact sur les prix et la concurrence. Deux autres cimenteries chinoises, Central Africa Cement et Yousheng Cement, sont également attendues à Edéa, avec des capacités respectives de 1,5 million et 1,8 million de tonnes. Ces développements pourraient intensifier la pression sur les prix, mais la question demeure : les consommateurs verront-ils une réelle baisse des coûts ?
Avec un marché du ciment en pleine expansion, le Cameroun pourrait devenir un acteur clé dans la production de ciment en Afrique centrale. La multiplication des unités de production est prometteuse, mais elle doit s’accompagner d’une régulation adéquate pour éviter les abus et garantir des prix justes pour les consommateurs. Cimaco, en entrant sur ce marché, pourrait bien être le catalyseur d’un changement nécessaire, mais le défi reste de maintenir un équilibre entre l’offre, la demande et les prix. L’avenir du ciment au Cameroun est donc à surveiller de près, car il pourrait influencer non seulement l’économie locale, mais aussi le secteur de la construction dans son ensemble.
Anatole Bidias

