
(lavoixdesentreprises.info) – La Caisse autonome d’amortissement a récemment publié une note conjoncturelle qui révèle une diminution de la dette publique du Cameroun à la fin de l’année 2024, s’établissant à 14 237 milliards FCFA. Bien que cette baisse soit significative, l’analyse des composantes de la dette révèle des enjeux préoccupants pour l’économie nationale.
À la clôture de l’année 2024, la Caisse autonome d’amortissement (CAA) a enregistré un recul de la dette publique du Cameroun, qui s’élève désormais à 14 237 milliards FCFA, représentant 45,6 % du produit intérieur brut (PIB). Cette évolution, bien qu’encourageante à première vue, masque des dynamiques complexes. En effet, après une légère augmentation de 0,2 % sur le trimestre et une hausse de 7,8 % par rapport à l’année précédente, la dette a cependant connu un déclin de 0,7 % en glissement mensuel.
La majorité de cette dette est concentrée au sein de l’Administration centrale, qui en détient 92,6 %, soit un montant de 13 187 milliards FCFA, équivalant à 42,3 % du PIB. Cette somme inclut également une dette rétrocédée aux entités publiques d’environ 934,8 milliards FCFA, dont la part a augmenté de 8,7 % sur une année. En revanche, les établissements et entreprises publics représentent seulement 7,2 % de l’encours total, soit 1 024 milliards FCFA. Contrairement à la tendance générale, ce segment a enregistré une diminution de 2,7 % sur l’année, bien qu’il ait connu une légère hausse de 0,6 % au cours du dernier trimestre. Les collectivités territoriales, quant à elles, ne contribuent qu’à hauteur de 0,1 % de l’encours, avec un montant estimé à 26 milliards FCFA, principalement sous forme de dette flottante.
En ce qui concerne la nature de la dette, une part considérable demeure extérieure, avec 66,4 % de l’encours de l’Administration centrale, tandis que la dette intérieure ne représente que 31,1 %. Cette disproportion expose le pays aux fluctuations des taux de change et aux exigences des créanciers internationaux. Pour les établissements publics, la répartition est plus équilibrée, avec 48,2 % de dettes extérieures et 51,8 % de créances domestiques.
Le service de la dette est également une préoccupation majeure. En 2024, l’État a engagé 1 378,1 milliards FCFA pour honorer ses obligations, dont 1 067 milliards FCFA pour le remboursement du principal et 311,1 milliards FCFA pour le paiement des intérêts. Notamment, 77,4 % de ces paiements concernent la dette extérieure, illustrant ainsi la forte dépendance du Cameroun vis-à-vis de ses créanciers étrangers.
En parallèle, le pays a contracté de nouveaux engagements extérieurs pour des projets, totalisant 880,1 milliards FCFA, dont 35,9 % en prêts concessionnels, qui sont plus favorables en termes de taux et de conditions. Cependant, des décrets d’autorisation de signature d’un montant de 226,7 milliards FCFA sont encore en attente, ce qui pourrait augmenter la charge de la dette dans un futur proche.
Pour l’année écoulée, les décaissements s’élèvent à 2 423,2 milliards FCFA, répartis à 48,8 % entre financements nationaux et 51,2 % de ressources extérieures. Cette dynamique confirme le rôle prépondérant de l’endettement extérieur dans la stratégie de financement du pays. À la fin de décembre 2024, les services de la dette nette, y compris les appuis budgétaires, atteignent 4 669,4 milliards FCFA, marquant une hausse de 1,8 % par rapport à l’année précédente, tous issus d’engagements extérieurs.
L’analyse des risques associés à cette structure de dette soulève plusieurs points d’inquiétude. L’encours de l’Administration centrale, hors restes à payer et dette flottante, constitue 39,9 % du PIB, dont 28 % pour la dette extérieure et 11,9 % pour la dette intérieure. Le coût moyen pondéré de la dette s’établit à 3,2 %, un niveau relativement stable, mais qui cache des disparités selon les types de dettes. La durée moyenne de refinancement est de 7,4 ans, offrant une meilleure visibilité sur la dette extérieure que sur la dette intérieure. Néanmoins, 23,4 % du portefeuille doit être remboursé en 2025, augmentant ainsi les risques de tensions budgétaires.
Enfin, l’exposition aux variations des taux d’intérêt, concernant environ 18,5 % de l’encours, constitue une source d’incertitude, alors que la dette en devises étrangères représente 70,3 % du portefeuille global, accentuant la vulnérabilité du pays face aux fluctuations du marché des changes.
Face à ces éléments, il est pertinent de s’interroger sur la position du Cameroun par rapport aux critères de convergence de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Avec un ratio de 45,6 %, le Cameroun demeure en dessous du plafond de 70 % du PIB fixé par la norme régionale, mais la tendance à la hausse de 7,8 % appelle à une vigilance accrue.
T.C.
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