
(lavoixdesentreprises.info) – Lors d’une récente présentation à Douala, le ministre des Finances a révélé que les taux d’intérêt des bons du Trésor camerounais ont plus que doublé entre 2020 et 2024, tandis que la demande des investisseurs pour ces titres a considérablement diminué.
Le 13 février 2025, à Douala, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a exposé aux investisseurs les grandes lignes du programme de financement de l’État pour l’année en cours. Une des révélations marquantes de cette rencontre a été l’augmentation significative des taux d’intérêt des bons du Trésor assimilables (BTA) émis par le Cameroun. En effet, entre 2020 et 2024, ces taux ont enregistré une progression spectaculaire, passant de 2,67 % à 6,33 %. Cette évolution témoigne d’une hausse de plus de 100 %, soulignant une dynamique de financement public en pleine mutation.
Les bons du Trésor, qui sont des instruments à court terme ne dépassant généralement pas un an de maturité, ont pour vocation de permettre à l’État de mobiliser des ressources financières afin de faire face à des besoins de trésorerie ponctuels. Toutefois, cette augmentation des taux d’intérêt s’accompagne d’une chute préoccupante du taux de couverture de la demande de financement. En effet, selon les données fournies par Motazé, ce taux a dégringolé de 206,9 % à seulement 69 % entre 2020 et 2024. Ce constat met en lumière une évolution inquiétante : alors qu’en 2020, les investisseurs étaient en mesure de proposer au Cameroun jusqu’à trois fois le montant sollicité, cette dynamique a radicalement changé. Aujourd’hui, les souscriptions n’arrivent plus qu’à couvrir un peu plus de la moitié des besoins exprimés par le Trésor camerounais.
Cette situation indique une nette diminution de l’attrait des bons du Trésor camerounais sur le marché. Si les taux d’intérêt ont effectivement été rehaussés, ils demeurent cependant parmi les plus bas de la région, ce qui pourrait expliquer le désintérêt croissant des investisseurs. Bien que le ministre Motazé n’ait pas fourni d’explications détaillées sur cette baisse de popularité, il est envisageable que la prudence affichée par le Cameroun en matière de taux d’intérêt joue un rôle central dans cette évolution.
Les investisseurs, à la recherche de rendements plus élevés, pourraient être de moins en moins enclins à se tourner vers des placements jugés moins rémunérateurs. Ce phénomène illustre une tension croissante sur le marché des titres publics, où les attentes des investisseurs semblent diverger des stratégies de financement mises en place par l’État camerounais.
Ainsi, le Cameroun se trouve à un carrefour crucial. D’un côté, la nécessité de financer ses activités publiques et de maintenir une gestion rigoureuse de sa trésorerie. De l’autre, la quête d’un équilibre entre des taux d’intérêt attractifs pour séduire les investisseurs et une gestion budgétaire saine. Alors que le paysage économique continue d’évoluer, il sera essentiel pour le gouvernement de réévaluer sa stratégie de financement afin de restaurer la confiance des investisseurs et de garantir un accès durable aux ressources nécessaires pour le développement du pays.
En résumé, les bons du Trésor camerounais connaissent un changement radical, tant en termes de taux d’intérêt que de demande d’investissement. La situation actuelle requiert une réflexion approfondie pour adapter les politiques de financement aux attentes du marché, tout en veillant à répondre aux besoins urgents de financement public.
Tressy Chouente
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