
(lavoixdesentreprises.info) – Les récents soubresauts des coupeurs de canne de la Société sucrière du Cameroun ont entraîné des destructions massives et des pertes financières évaluées à coûts de milliards FCFA. Ce mouvement social, qui a duré treize jours, a laissé des séquelles profondes sur l’activité de l’entreprise, remettant en question ses priorités.
La grève des coupeurs de canne, qui a paralysé la Société sucrière du Cameroun (Sosucam) entre le 26 janvier et le 8 février 2025, a eu des conséquences dévastatrices. Au-delà des revendications salariales, ce mouvement social s’est transformé en émeutes violentes, entraînant la perte tragique d’un ouvrier et la destruction de près de 970 hectares de plantations. Cette catastrophe représente une perte estimée à environ 50 000 tonnes de cannes, dont une partie essentielle pour l’industrie brassicole, selon les déclarations de Jean-François Ntsama-Etoundi, le directeur général adjoint de la société, lors d’une conférence de presse tenue à Yaoundé le 19 février.
Ntsama-Etoundi a souligné l’ampleur des dégâts : « Treize jours d’arrêt de production ont eu un impact considérable sur nos opérations. Tous nos employés ont été empêchés de travailler, ce qui a retardé de nombreuses tâches essentielles. En termes d’infrastructures, près de 970 hectares de parcelles ont été consumés par les flammes, entraînant une perte sèche significative pour notre entreprise. » Les premières évaluations financières évoquent des pertes dépassant les 5 milliards FCFA, un chiffre qui pourrait encore augmenter d’ici la fin de la campagne sucrière, prévue pour mai 2025.
Malgré cette situation alarmante, la Sosucam assure qu’elle peut répondre aux besoins du marché local. L’entreprise dispose encore d’un stock de 30 000 tonnes de sucre, suffisant pour prévenir toute pénurie à court terme, notamment avec l’approche du Ramadan. « À l’heure actuelle, il n’y a pas de risque de rupture d’approvisionnement », a affirmé Ntsama-Etoundi. Cependant, la grève a conduit à l’abandon de postes par au moins 250 ouvriers, poussant l’entreprise à lancer une campagne de recrutement pour 600 nouveaux travailleurs agricoles afin de maintenir sa production.
Les tensions à l’origine de ce conflit social trouvent leur origine dans les conditions de travail jugées inadéquates par les coupeurs de canne. Les revendications salariales ont rapidement dégénéré en violences et en actes de sabotage. Pour tenter de rétablir le dialogue, la direction de la Sosucam, en collaboration avec les autorités locales, a mis en place un cadre de discussion renforcé avec les employés. Des mesures ont été adoptées, dont l’augmentation de la prime mensuelle de salissure et un relèvement des salaires de base pour plusieurs catégories d’ouvriers.
Fondée en 1965, Sosucam se positionne comme le leader du marché sucrier au Cameroun, détenant près de 70 % des parts de marché en 2021. L’entreprise est majoritairement contrôlée par des capitaux français, à hauteur de 74 %, tandis que l’État en détient 26 %. Avec une production quotidienne d’environ 650 tonnes, Sosucam génère environ 8 000 emplois directs et indirects, jouant un rôle crucial dans l’économie locale. La crise actuelle met donc en lumière non seulement les défis auxquels l’entreprise doit faire face, mais aussi l’importance de trouver des solutions durables pour garantir la stabilité de ses opérations et le bien-être de ses employés.
A.Y.
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