
(lavoixdesentreprises.info) – La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a retenu le cabinet français RSM pour examiner son concours de recrutement des agents d’encadrement supérieur, soulevant des préoccupations sur la transparence et l’intégrité de ce processus. RSM a jusqu’au 15 mars 2025 pour produire des résultats.
La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a décidé de faire appel à RSM, un cabinet français d’audit et de conseil de renommée mondiale, pour réaliser un audit de son concours de recrutement des agents d’encadrement supérieur. Ce processus, lancé il y a quatre ans, a suscité de vives controverses et des accusations d’irrégularités. La mission de RSM s’inscrit dans un cadre de transparence, l’objectif étant de clarifier les modalités de ce recrutement et de formuler des recommandations pour améliorer les pratiques futures.
Le choix de RSM, effectué à l’issue d’un appel d’offres lancé le 6 juin 2024, marque une étape importante dans la volonté de la Beac de restaurer la confiance du public. Le cabinet, qui opère dans une quarantaine de pays et se classe parmi les leaders mondiaux dans son domaine, a été chargé d’évaluer la 22e promotion des agents d’encadrement supérieur. Lors de la réunion de lancement, tenue par visioconférence le 29 janvier, le gouverneur de la Beac, Yvon Sana Bangui, a rappelé les objectifs de cette mission. RSM devra non seulement établir la transparence du processus, mais aussi identifier les failles potentielles et proposer des solutions concrètes pour éviter de futurs incidents.
Le contexte de cet audit est particulièrement délicat. Le concours, initié en décembre 2021, avait été suspendu après la publication d’une première liste d’admissibilité en juillet 2022. De nombreux candidats avaient exprimé des préoccupations concernant des irrégularités, conduisant le comité ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (Umac) à demander une réévaluation des conditions d’organisation. Les accusations portées contre des hauts responsables de la Beac, y compris l’ancien gouverneur, Abbas Mahamat Tolli, qui aurait favorisé ses proches, ont également contribué à l’instabilité du processus.
Dans une note interne, le Directeur général du contrôle général de la BEAC, Bienvenu Marius Roosevelt Feimonazoui, avait souligné la nécessité de reprendre le concours en raison des « incidents » survenus lors de la phase écrite, incidents jugés suffisamment graves pour compromettre l’intégrité du processus. En août 2022, Hervé Ndoba, alors Président du Conseil d’Administration de la BEAC, avait ordonné la suspension immédiate du concours, évoquant des « incidents significatifs » qui entachaient sa crédibilité.
Alors que la situation semble se stabiliser, l’audit de RSM sera déterminant pour l’avenir du concours. Le rapport, attendu au plus tard le 15 mars 2025, pourrait entraîner l’annulation du processus et son redémarrage. Dans ce cas, les 66 candidats déjà présélectionnés n’hésiteraient pas à se tourner vers la Cour de Justice de la CEMAC pour revendiquer leurs droits.
La volonté de la BEAC de faire la lumière sur ses pratiques de recrutement est un pas vers une gouvernance plus transparente et responsable. En confiant cette mission à un acteur reconnu tel que RSM, elle espère non seulement corriger les erreurs passées, mais aussi établir un cadre de confiance pour les futurs recrutements, garantissant que seuls les candidats les plus qualifiés accèdent à des postes clés. La communauté régionale attend avec impatience les conclusions de cet audit, qui pourraient redéfinir les standards de recrutement au sein de la Beac.
Tressy Chouente

