
(lavoixdesentreprises.info) – Au cœur d’une controverse managériale, la société upOwa, rachetée par EDF, voit son directeur général, Loïc Descamps, rétabli dans ses fonctions par un tribunal administratif, suscitant des tensions au sein de l’entreprise et entre les nations.
Spécialisée dans la distribution de kits électriques au Cameroun, la société upOwa, est en proie à une lutte interne intense pour le contrôle de sa direction. Rachetée en février 2024 par le géant énergétique EDF, l’entreprise fait face à des turbulences managériales qui soulèvent des questions sur sa gouvernance. Le directeur général, Loïc Descamps, un Belge ayant pris les rênes de l’entreprise en 2020, a été limogé en novembre dernier, mais sa réhabilitation par le tribunal administratif de Yaoundé, le 24 décembre 2024, a ravivé les tensions et les enjeux de pouvoir au sein de la société.
Loïc Descamps, qui qualifie son limogeage de « l’expérience la plus éprouvante de sa vie », a vu sa carrière chez upOwa prendre un tournant dramatique. En 2018, il est arrivé au Cameroun en tant que directeur d’exploitation, avant d’être promu directeur général deux ans plus tard. Sous sa direction, upOwa a connu une croissance significative, attirant l’attention d’EDF, qui a acquis plus de 80 % des parts de l’entreprise en 2023. Cette expansion rapide a cependant engendré des conflits de pouvoir, culminant avec son éviction.
Le limogeage de Descamps a été marqué par l’assignation d’Éric Mansuy, ancien directeur d’Eneo, la compagnie nationale d’électricité, à sa place. La nomination de Mansuy, sans préavis et sans indemnités pour Descamps, a été vécue comme une injustice par ce dernier. Il a alors décidé de contester cette décision devant la justice, soutenu par la représentation diplomatique de la Belgique au Cameroun, qui a soulevé des préoccupations auprès de son homologue française. Cette situation a engendré une mini-crise diplomatique entre la Belgique et la France, révélant ainsi l’importance de cette affaire au-delà des frontières de l’entreprise.
La décision du tribunal de rétablir Descamps dans ses fonctions a été accueillie comme un soulagement pour lui et ses partisans, mais elle pose également la question de la continuité managériale au sein d’une entreprise en pleine croissance. En parallèle, un comité de surveillance a été créé, ajoutant une couche de complexité à la structure de management de upOwa. Ce comité, bien qu’il ait pour but d’assurer la transparence et la bonne gouvernance, pourrait également devenir un terrain fertile pour de nouvelles tensions et rivalités.
Face à ces développements, upOwa doit naviguer dans un environnement où les enjeux de pouvoir peuvent impacter sa stratégie de développement. La société, qui aspire à une expansion rapide sur le marché camerounais, doit désormais faire face à des défis internes qui pourraient entraver ses ambitions. Les décisions prises dans les mois à venir seront cruciales pour déterminer si upOwa pourra se concentrer sur son objectif principal : fournir des solutions énergétiques accessibles tout en maintenant une gouvernance stable.
Ainsi, l’avenir de upOwa dépendra non seulement de la capacité de ses dirigeants à travailler ensemble, mais également de la manière dont les relations entre les différentes parties prenantes, y compris les diplomaties belge et française, évolueront. Dans un secteur où l’innovation et la réactivité sont essentielles, cette guerre de contrôle pourrait bien façonner le paysage énergétique au Cameroun pour les années à venir.
Raphaël Mforlem
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