(lavoixdesentreprises.info) – Réunis le 18 novembre 2024 au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, les différents acteurs ont procédé à la signature de la nouvelle convention collective nationale du secteur bancaire au Cameroun, représentant un tournant majeur pour les employés, avec des avancées significatives en matière de conditions de travail et de droits syndicaux.
Après une décennie d’attente, la convention collective nationale du secteur bancaire camerounais a enfin été ratifiée, marquant une étape cruciale pour les employés de ce domaine. Signée le 18 novembre par Gwendoline Abunaw, directrice générale d’Ecobank Cameroun, et Isaac Bissala, président de l’Union générale des travailleurs du Cameroun (UGTC), cette convention est le fruit de cinq années de négociations laborieuses. Bien qu’initialement prévue pour 2019, son aboutissement a nécessité un travail minutieux, notamment pour actualiser la classification des métiers et des diplômes dans le secteur. Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, a souligné l’importance de ce document, qui répond aux préoccupations exprimées par les syndicats.
La révision de la convention introduit plusieurs changements significatifs. Parmi les plus marquants, on note la reconnaissance de la liberté syndicale et associative, un droit fondamental pour les employés. De plus, la nouvelle convention prend en compte les qualifications des travailleurs, ce qui souligne l’importance de l’éducation et de la formation dans l’évolution professionnelle. L’intégration du travail intérimaire dès le premier jour, la réduction de la durée de l’intérim, ainsi qu’un reclassement automatique des travailleurs intérimaires, sont d’autres mesures qui viennent améliorer la situation des employés dans ce secteur.
Les banques sont désormais tenues de respecter rigoureusement les normes légales relatives au travail temporaire et à la sous-traitance. En réponse à l’inflation croissante, des ajustements des indemnités de transport et de logement ont également été intégrés. La revalorisation des salaires, qui a déjà été de 6 % en juillet dernier, est complétée par une augmentation de 10 000 FCFA pour l’indemnité de transport, offrant ainsi un soutien financier tangible aux employés.
Grégoire Owona a mis en avant le « dialogue constant » entre employeurs et employés, affirmant que la signature de cette convention représente un pas vers un « travail décent ». Il a également insisté sur la nécessité d’intégrer les évolutions numériques qui transforment le secteur bancaire, soulignant l’importance de s’adapter aux nouvelles réalités du marché.
Malgré ces avancées, les syndicats considèrent que la ratification de cette convention n’est qu’un point de départ. Le ministère du Travail s’engage à superviser l’application des nouvelles dispositions par toutes les institutions bancaires. Isaac Bissala a insisté sur le fait que cette convention vise à prévenir toute forme de concurrence déloyale, particulièrement dans le cadre des neuf établissements bancaires qui interdisent l’entrée des syndicats. Les syndicats s’assureront que la liberté syndicale et la protection des droits des travailleurs soient respectées, garantissant ainsi un environnement de travail équitable.
Le paysage bancaire camerounais a connu une expansion significative au cours des dernières années, avec une densité d’agences qui a doublé. En 2020, le pays comptait 328 agences bancaires et 729 guichets automatiques, un chiffre en nette augmentation par rapport à 2005. Selon le ministère des Finances, le ratio des agences est passé de 0,6 pour 1 000 habitants à 1 pour 1 000 habitants, illustrant l’essor du secteur.
La signature de cette nouvelle convention collective est une avancée majeure pour les employés du secteur bancaire au Cameroun. Elle offre des garanties essentielles et pose les bases d’un dialogue social plus constructif. Les défis restent nombreux, mais cette initiative pourrait bien redéfinir les conditions de travail et renforcer les droits des travailleurs dans un secteur en pleine mutation.
R.M.
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