(lavoixdesentreprises.info) – La Cameroon Development Corporation, deuxième employeur du Cameroun après l’État, lutte contre une crise financière majeure, marquée par une dette de 82 milliards FCFA et des arriérés de salaires qui démoralisent ses employés, malgré une amélioration de la situation sécuritaire.
La Cameroon Development Corporation (CDC) se trouve à un carrefour critique de son histoire. Bien que des progrès notables aient été réalisés en matière de sécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où l’entreprise est principalement implantée, la gestion interne de la CDC est entachée par une crise financière aiguë. Avec une dette colossale de 82 milliards de Fcfa, l’entreprise peine à maintenir ses activités et, plus préoccupant encore, à garantir le paiement de ses employés. La situation a atteint un point où le moral des travailleurs est gravement affecté, entraînant des menaces de grève.
La pandémie de crise sécuritaire qui a débuté en 2016 a profondément perturbé les opérations de la CDC, un acteur clé de l’agro-industrie camerounaise, notamment dans la production de bananes, d’huile de palme et de caoutchouc. Alors que l’entreprise avait vu ses effectifs dépasser les 20 000 employés, ce nombre a chuté à environ 13 000 aujourd’hui, illustrant une perte de 35 % de sa main-d’œuvre en à peine huit ans. Ce déclin est le reflet d’un malaise profond, exacerbé par des arriérés de salaires qui, d’après des sources internes, s’élèvent à 55 mois. Cette accumulation d’impayés a non seulement mis à mal la motivation des employés, mais a aussi entaché la réputation de l’entreprise, qui a récemment été classée parmi celles présentant un risque d’endettement « très élevé » par la Commission technique de réhabilitation des entreprises publiques.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les exportations de la CDC ont chuté de 71 789 tonnes en juillet 2015 à seulement 24 216 tonnes en septembre 2024, une baisse vertigineuse de 66,2 %. Les revenus de l’entreprise, qui atteignaient environ 55 milliards de Fcfa avant la crise, se limitent désormais à 20 milliards de Fcfa, marquant une perte de 35 milliards de Fcfa en seulement quelques années. Cette situation économique précaire est alarmante pour une entreprise qui, il y a quelques années encore, était un pilier de l’économie locale.
Dans le cadre d’un plan de redressement, le gouvernement camerounais a pris la décision d’élaborer un programme d’apurement des arriérés de salaires. Ce plan, annoncé en septembre 2022, stipule que les paiements se feraient en deux tranches : 20 milliards de Fcfa en 2024 et 15,7 milliards en 2025. Toutefois, le processus de mise en œuvre est entravé par des négociations complexes avec plusieurs banques. Initialement, la NFC Bank avait été retenue pour gérer ces fonds, mais des complications liées à sa restructuration ont forcé la CDC à explorer d’autres options.
Actuellement, trois banques sont en lice pour garantir le paiement des arriérés : FedhEn Capital, Société Générale Cameroun et National Financial Credit Bank. Les discussions sont en cours, et l’espoir d’une issue favorable repose sur la capacité de ces institutions à répondre aux exigences de financement. Les employés, cependant, demeurent sceptiques face à la lenteur des démarches et à l’incertitude qui plane sur leur avenir immédiat.
Il est indéniable que la CDC traverse une période charnière. L’amélioration de la situation sécuritaire est un atout précieux, mais sans une gestion efficace des ressources et une résolution rapide des problèmes de paiement, le risque d’une paralysie totale des opérations reste élevé. Les employés, déjà frustrés par des mois de travail non rémunéré, pourraient rapidement passer à l’action si des solutions concrètes ne sont pas rapidement mises en place. La CDC doit impérativement restaurer la confiance de ses employés et s’assurer que les promesses faites soient respectées, sinon elle risque de voir son rôle d’employeur majeur menacé.
A.B
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