(lavoixdesentreprises.info) – La séance de cotation du 21 novembre 2024 à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) a révélé un désintérêt flagrant des investisseurs pour plusieurs entreprises, malgré la disponibilité d’offres de vente significatives. Ce phénomène soulève des questions sur la confiance des investisseurs dans ces sociétés.
La séance boursière du 21 novembre 2024, à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), a enregistré une absence totale de transactions. Ce fait est particulièrement marquant dans un contexte où le Bulletin officiel de la cote (BOC) indique une pléthore d’offres de vente de la part des investisseurs. En effet, 3 470 actions d’entreprises listées sur ce marché régional sont restées sans acheteur, illustrant ainsi une tendance préoccupante qui s’est installée lors des dernières séances de cotation.
Parmi les entreprises les plus concernées, la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm) et la Société africaine forestière et agricole du Cameroun (Safacam) se distinguent avec respectivement 1 326 et 992 actions en carnet. Ces deux filiales du groupe luxembourgeois Socfin, malgré leurs performances financières relativement solides, semblent faire face à une indifférence croissante de la part des investisseurs. Ce phénomène est d’autant plus surprenant compte tenu de leur position sur un marché où la demande en huile de palme est en forte hausse.
Ce désintérêt ne se limite pas aux deux géants du secteur agro-industriel. D’autres entreprises, comme le réassureur gabonais SCG-Ré, avec 484 actions, et la Société des eaux minérales du Cameroun (Semc), qui a 364 actions en attente de vente, subissent également les effets d’une morosité ambiante. La Régionale Bank, un établissement bancaire camerounais, avec 294 titres non échangés, ne fait pas exception.
L’analyse des facteurs sous-jacents à ce désengagement met en lumière des éléments préoccupants. D’une part, la Semc, dont la performance s’est détériorée depuis la perte de son statut de leader sur le marché de l’eau minérale en 2016, n’a pas distribué de dividendes depuis huit ans. Cela peut expliquer la méfiance des investisseurs à l’égard de ses actions. D’autre part, le cas de Socapalm et Safacam est plus déroutant. Ces deux sociétés, qui ont distribué des dividendes respectifs de 1,8 et 2,7 milliards FCFA pour l’exercice 2022, opèrent dans un secteur à forte demande. En effet, le Cameroun connaît un déficit de production d’huile de palme, estimé à 160 000 tonnes depuis 2022, ce qui garantit une vente quasi assurée de leur production grâce aux raffineurs.
De plus, les autorités publiques ont récemment ajusté le prix de cession de l’huile de palme, permettant à Socapalm et Safacam de vendre leur produit à 550 FCFA le litre, contre 450 FCFA auparavant. Bien que cette revalorisation soit en partie compensée par une légère hausse des coûts d’achat des noix de palme, elle témoigne d’un environnement économique favorable pour ces entreprises.
La situation de La Régionale Bank est également préoccupante. Après une période de forte croissance, où le volume de ses titres échangés a quadruplé entre 2021 et 2023 et où elle a remporté le titre de valeur la plus échangée à la Bvmac, la banque semble aujourd’hui perdre son attrait. Malgré un dividende d’un milliard de FCFA distribué pour l’exercice 2022 et un cours d’action stable, les investisseurs semblent se détourner de ses titres.
De même, SCG-Ré, qui a récemment affiché un résultat net de 1,4 milliard de FCFA, en hausse par rapport à 2021, et distribué près d’un milliard de dividende, n’échappe pas à ce phénomène. Ce climat de désintérêt souligne une crise de confiance qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’ensemble du marché boursier de la Cemac. Les investisseurs, face à des incertitudes persistantes et à une volatilité accrue, semblent privilégier la prudence, laissant ainsi de nombreuses actions en souffrance sur le marché.
S.N.
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