(lavoixdesentreprises.info) – Le Port Autonome de Douala renforce ses capacités avec la drague « Chantal Biya », un équipement rare et polyvalent, symbole d’une souveraineté retrouvée face aux multinationales.
Le Port Autonome de Douala, pilier de l’économie camerounaise, a récemment relancé les opérations de balisage avec sa drague emblématique, la « Chantal Biya ». Ce type de drague est devenu rare dans le monde portuaire moderne, où la plupart des opérations sont externalisées. Conçue spécifiquement pour le Port de Douala-Bonabéri dans les ateliers du constructeur allemand Germensheimer Schiffswerf, cette drague est équipée de technologies de pointe qui lui permettent d’accomplir une variété de tâches, allant de la manutention des bouées à l’enlèvement d’objets sous-marins. Sa polyvalence est un atout majeur, car elle combine plusieurs fonctionnalités : aspiratrice en marche, suceuse stationnaire, et grappin pour les interventions plus délicates.
Le choix du Port Autonome de Douala de réhabiliter la « Chantal Biya » plutôt que d’investir dans quatre nouveaux navires, coûtant plus de vingt milliards, témoigne d’une vision stratégique. Cette décision a été soutenue par le conseil d’administration et s’inscrit dans un effort plus large de redynamisation et de modernisation des infrastructures portuaires. La « Chantal Biya » n’est pas seulement un outil de travail ; elle est un symbole de l’engagement du Cameroun à développer ses propres capacités de dragage et à réduire sa dépendance vis-à-vis des entreprises multinationales qui, au cours des quinze dernières années, ont ponctionné 156 milliards de francs CFA des caisses du Port Autonome de Douala pour des services de dragage.
La réhabilitation de cette drague est également un acte de souveraineté. En permettant au port de contrôler ses propres opérations de dragage, le Cameroun renforce sa position sur les voies maritimes stratégiques. C’est un moyen de fermer le tonneau des Danaïdes, un défi qui a longtemps pesé sur les finances du PAD. En effet, les activités de dragage, souvent confiées à des sociétés étrangères, n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes en matière de rentabilité et de bénéfices pour le pays.
La « Chantal Biya » a déjà fait ses preuves par le passé. Elle a été impliquée dans des projets cruciaux, comme les remblais du premier poste de commandement militaire à Bakassi, où des techniciens camerounais ont collaboré pour mener à bien ces travaux de grande envergure. De 2005 à 2008, elle a également joué un rôle clé dans le développement de la base navale, ainsi que dans l’aménagement de l’espace derrière Messapresse, un site stratégique en zone aval du port. Ces réalisations montrent que la drague est bien plus qu’un simple bateau ; elle est une composante vitale de l’infrastructure maritime du pays.
En réactivant la « Chantal Biya », le Port Autonome de Douala ne se contente pas de moderniser ses outils ; il affirme sa volonté de maîtriser son espace maritime et d’assurer le développement durable de ses activités portuaires. Cela s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement des infrastructures locales et de promotion de l’expertise camerounaise. En outre, cette initiative pourrait avoir des retombées positives sur l’économie locale, en créant des emplois et en formant des techniciens qualifiés dans le secteur du dragage.
Ainsi, la drague « Chantal Biya » devient le symbole d’une nouvelle ère pour le Port Autonome de Douala. Elle incarne l’ambition d’un port qui se veut autonome, capable de répondre aux défis contemporains tout en préservant les intérêts économiques du Cameroun. Dans un contexte mondial où la compétitivité maritime est de plus en plus cruciale, le retour de la « Chantal Biya » sur le devant de la scène est une étape déterminante pour le port et, par extension, pour l’économie camerounaise.
Anatole Bidias
About The Author
En savoir plus sur La Voix des Entreprises
Subscribe to get the latest posts sent to your email.