(lavoixdesentreprises.info) – Malgré les efforts consentis pour accroître les recettes fiscales ces dernières années, la part des particuliers dans ces recettes demeure nettement inférieure aux standards observés dans les pays comparables. Le gouvernement camerounais entend remédier à cette situation en rendant obligatoire la déclaration annuelle des revenus pour les contribuables non professionnels.
Selon le ministère des Finances, la contribution des particuliers aux recettes fiscales au Cameroun ne représente que 7 % du total, contre 17 % dans les pays africains de niveau de développement similaire et 24% dans les pays de l’OCDE. Cette faiblesse contraste avec le fait que les ménages camerounais disposent d’une capacité de financement non négligeable.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement a institué en 2020 l’obligation de déclaration annuelle de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) pour les contribuables non professionnels. Cette mesure, entrée en vigueur en 2024, vise à élargir l’assiette fiscale en permettant à l’administration de disposer d’informations précises sur les salaires et revenus de cette catégorie de contribuables.
Concrètement, les salariés, pensionnés et autres personnes physiques tirant des revenus de placements ou de leur patrimoine sont désormais tenus de procéder à une déclaration récapitulative de leurs revenus, au même titre que les contribuables exerçant une activité commerciale. Initialement prévue pour le 30 juin de chaque année, la date limite a été exceptionnellement repoussée au 1er septembre 2024 pour la déclaration des revenus de 2023.
Cette réforme s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire la trop grande dépendance des recettes fiscales vis-à-vis des entreprises. En effet, celles-ci contribuent actuellement à hauteur de 80% des rentrées fiscales, contre seulement 7% pour les particuliers. Une telle disparité est jugée préoccupante par les autorités, qui souhaitent mieux répartir la charge fiscale entre les différents agents économiques.
Au-delà de l’objectif de rendement, l’élargissement de l’assiette fiscale des ménages répond également à des enjeux d’équité et de justice sociale. Les pouvoirs publics estiment que la contribution des particuliers aux finances publiques doit être plus en phase avec leur capacité contributive réelle. Les sanctions prévues en cas de non-déclaration témoignent de la détermination du gouvernement à faire respecter cette nouvelle obligation.
Toutefois, la réussite de cette réforme dépendra de la capacité de l’administration fiscale à identifier et à mobiliser l’ensemble des contribuables concernés. Les défis sont nombreux, entre l’amélioration des procédures déclaratives, le renforcement des contrôles et la sensibilisation des citoyens. Mais le potentiel de croissance des recettes fiscales tirées des particuliers est important, offrant des perspectives encourageantes pour les finances publiques camerounaises.
Amélie Yandal
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