[lavoixdesentreprises.info] – Malgré les efforts de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) pour injecter des liquidités, les banques de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) peinent toujours à répondre à leurs besoins de financement.
La problématique du refinancement bancaire reste d’actualité dans la zone Cemac. Alors que la Beac a procédé le 25 juin 2024 à une nouvelle opération d’injection de liquidités de 90 milliards FCFA, cette offre s’est avérée insuffisante pour combler les besoins exprimés par les établissements de crédit de la sous-région.
Selon les résultats publiés le 27 juin, le besoin global de refinancement des six banques commerciales a été évalué à 316 milliards FCFA, soit plus de trois fois l’offre proposée par la banque centrale. Cette opération, qui constitue la troisième du genre depuis le début de l’année 2024, a d’ailleurs été souscrite à plus de 350 % par les banques.
Cette situation intervient dans un contexte marqué par un durcissement de la politique monétaire de la Beac. Depuis 2021, l’institution a en effet choisi de suspendre ses offres de liquidité au secteur bancaire, privilégiant une approche plus restrictive visant à lutter contre une inflation galopante. Selon la Beac, cette stratégie, qui consiste à ponctionner en permanence les liquidités des banques, permettrait de réduire l’inflation d’origine monétaire, estimée à 20 % dans la sous-région.
Bien que les perspectives de croissance économique restent supérieures à la norme communautaire de 3 %, la Beac semble déterminée à poursuivre sa politique de resserrement monétaire. Lors de la deuxième session de son Comité de politique monétaire, tenue le 24 juin à Yaoundé, la banque centrale a d’ailleurs tablé sur un taux d’inflation de 3,9 % dans la Cemac à la fin de l’année 2024.
Cette situation pose de sérieuses interrogations quant à la capacité des banques commerciales à satisfaire les besoins de financement des États et des autres agents économiques de la zone. En asséchant la liquidité bancaire, la Beac risque en effet de restreindre l’accès au crédit, avec des conséquences potentiellement négatives sur l’investissement et la croissance économique.
Pour les experts, le défi sera de trouver un juste équilibre entre la lutte contre l’inflation et le soutien à l’activité économique. La Beac devra ainsi ajuster sa politique monétaire en fonction de l’évolution de la conjoncture, tout en veillant à ne pas pénaliser excessivement le secteur bancaire et les agents économiques.
A.B
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