(lavoixdesentreprises.info) – La banque française Société Générale a décidé de mettre en attente la cession de sa filiale au Cameroun, dans un contexte de restructuration de ses activités en Afrique. Cette décision dépendra de la clarification des intentions du gouvernement camerounais concernant une éventuelle prise de participation.
Depuis quelques mois, la Société Générale, sous la direction de Slawomir Krupa, a engagé une stratégie de désinvestissement sur le continent africain. Selon des informations relayées par La Lettre, la banque a mis en pause la vente de sa filiale camerounaise, en attendant que les autorités locales précisent leurs intentions d’investissement. En mai dernier, la banque avait mandaté Lazard pour l’aider à vendre non seulement sa filiale camerounaise, mais également celles de Tunisie et du Ghana, dans le cadre d’une réorganisation plus large de ses activités à l’international.
La valeur de la filiale camerounaise est estimée à environ 164,164 milliards FCFA, soit environ 250 millions d’euros. Cette opération s’inscrit dans une dynamique de restructuration que la Société Générale a initiée, cherchant à redéfinir son empreinte sur le marché africain. La banque a déjà commencé à vendre certaines de ses activités, ayant annoncé la cession de ses filiales au Burkina Faso et au Mozambique en décembre 2023. Avant cela, la Société Générale avait également cédé des participations au Congo, en Mauritanie, en Guinée équatoriale et au Tchad.
Cette tendance de désengagement ne concerne pas uniquement la Société Générale. D’autres institutions financières, notamment britanniques et françaises, prennent également des mesures similaires sur le continent africain. Par exemple, BNP Paribas a considérablement réduit sa présence en Afrique, maintenant des opérations de banque de détail au Maroc et en Algérie, tout en cédant ses participations au Sénégal et en Côte d’Ivoire en 2022. De plus, entre 2019 et 2020, elle a vendu ses 47 % dans sa banque gabonaise et a abandonné le contrôle de son entité en Tunisie.
Le Crédit Agricole, autre acteur majeur, a également amorcé son retrait en Afrique, ayant cédé une première tranche de 63,7 % dans Crédit du Maroc en 2022 et liquidé les 15 % restants un an plus tard. En 2018, le groupe Bpce avait pris des mesures similaires en se désengageant de ses participations au Cameroun, à Madagascar, en République démocratique du Congo et en Tunisie.
Georges Meka Abessolo, expert en banque et finance, évoque plusieurs raisons qui pourraient expliquer ce retrait de la Société Générale d’Afrique. Premièrement, les filiales africaines ne représentent qu’environ 2 % des revenus du groupe, malgré leur rentabilité. Ensuite, le durcissement des réglementations imposées par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) et la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) sur le rapatriement des liquidités pourrait dissuader les banques d’investir davantage. De plus, les exigences réglementaires de Bâle III, qui imposent une augmentation des fonds propres lors de l’octroi de crédits, compliquent encore la situation pour les banques opérant sur le continent.
Ainsi, la mise en pause de la vente de la filiale camerounaise de la Société Générale illustre les défis complexes auxquels font face les banques internationales en Afrique. Entre les pressions réglementaires et la nécessité de réévaluer leurs stratégies d’investissement, les institutions financières sont confrontées à un environnement en constante évolution qui les pousse à repenser leurs activités sur le continent.
Raphaël Mforlem
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