(lavoixdesentreprises.info) – Le pays a entamé le 4 août 2024 la 9e phase de réduction des tarifs douaniers dans le cadre de son Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne. Bien que les craintes initiales sur l’impact budgétaire aient été importantes, les chiffres montrent que le pays a su diversifier ses partenaires commerciaux pour compenser les pertes.
Dans un communiqué daté du 5 août 2024, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a annoncé le lancement de la 9e phase de réduction des tarifs douaniers dans le cadre de l’Accord de partenariat économique (APE) entre le Cameroun, l’Union européenne et le Royaume-Uni. Cette nouvelle étape se traduit par des exonérations et des baisses de droits de douane significatives.
Ainsi, les produits des groupes 1 et 2 bénéficient désormais d’une exonération totale des droits de douane, contre seulement 40 % en 2023 pour les produits du groupe 3 (véhicules, carburants, ciments, etc.), qui voient leur taux passer à 50%.
Malgré les craintes initiales sur l’impact budgétaire de ces réductions tarifaires, le bilan s’avère plutôt positif. Le manque à gagner pour les recettes douanières n’a été que de 20 milliards FCFA en 2022, contre une projection de 27 milliards. Sur les 6 premiers mois de 2023, les pertes se sont élevées à 8,6 milliards FCFA seulement.
Cette relative bonne tenue des recettes douanières s’explique notamment par la diversification des partenaires commerciaux du Cameroun, en particulier avec la Chine. Ainsi, les recettes douanières totales du pays ont dépassé les 1 000 milliards FCFA en 2023.
Cette nouvelle phase de l’APE s’inscrit dans le cadre plus large de la stratégie de développement économique du Cameroun, qui vise à stimuler les échanges commerciaux et à attirer les investissements étrangers. Les exonérations et baisses de tarifs douaniers permettent notamment de réduire les coûts pour les entreprises importatrices, et ainsi de renforcer la compétitivité des produits camerounais sur les marchés internationaux.
Toutefois, certains secteurs restent préoccupés par les effets de ces réductions tarifaires. C’est notamment le cas de l’industrie locale qui craint entre autres : la concurrence accrue des produits importés qui pourrait se traduire par l’accès facilité des produits européens sur le marché camerounais, la concurrence plus rude sur leur propre marché, menaçant leur part de marché.
Il y a également la pression sur les prix et les marges bénéficiaires qui pourrait se traduire par des prix plus compétitifs des produits européens. Les entreprises locales pourraient être contraintes de baisser leurs prix pour rester compétitives, ce qui exerce une pression sur leurs marges bénéficiaires. L’on peut aussi citer le risque de désindustrialisation. Ici, certaines industries locales, moins compétitives, pourraient être mises en difficulté et se retrouver forcées de fermer face à la concurrence européenne, chose qui peut entraîner des pertes d’emplois et une désindustrialisation du pays.
Le manque de préparation des entreprises n’est pas en reste : de nombreuses entreprises locales pourraient manquer de moyens et de stratégies pour s’adapter rapidement à cette nouvelle donne commerciale car, certaines peinent à investir dans la modernisation de leurs outils de production et l’amélioration de leur compétitivité. Et enfin, les déséquilibres commerciaux : le Cameroun risque de voir son déficit commercial se creuser avec l’UE, les importations progressant plus vite que les exportations, chose qui peut fragiliser la balance commerciale du pays à long terme.
Face à cette nouvelle baisse des tarifs douaniers, le gouvernement camerounais assure néanmoins suivre de près l’évolution de la situation et est prêt à prendre les mesures nécessaires pour accompagner les secteurs les plus touchés.
Au-delà de l’aspect purement économique, cet accord commercial s’inscrit également dans une dynamique de renforcement des liens politiques et diplomatiques entre le Cameroun, l’Union européenne et le Royaume-Uni. Il témoigne de la volonté des parties de développer une coopération mutuellement bénéfique, dans un contexte géopolitique en constante évolution.
Raphael Mforlem
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