(lavoixdesentreprises.info) – Selon l’universitaire et entrepreneuse Viviane Ondoua Biwole, la durée excessive des mandats des Présidents de conseil d’administration (PCA) au sein des entreprises publiques camerounaises contribue à la contre-performance de ces établissements. Une analyse qui soulève une vague de questions sur le respect de la loi et la gouvernance de ces entités.
Au Cameroun, la longévité des présidents de conseil d’administration (PCA) dans les entreprises et établissements publics (EEP) est un sujet de préoccupation, selon l’enseignante-chercheure Viviane Ondoua Biwole. Dans une récente tribune, cette experte en gouvernance publique et de développement a tiré la sonnette d’alarme sur la situation de ces dirigeants.
D’après son analyse, la durée au poste des PCA varie actuellement de 6 à 32 ans au sein des 87 EEP étudiés. Or, la loi de 2017 sur les EEP stipule que les mandats des PCA sont limités à 3 ans renouvelables une fois, soit 6 ans maximum. Une disposition qui n’est manifestement pas respectée dans la majorité des cas.
En effet, Viviane Ondoua Biwole estime que 54 PCA sur les 87 analysés seront dans l’illégalité après le 12 juillet 2024, soit un taux de non-conformité de 62 %. Une situation qui, selon elle, « compromet les principes fondamentaux de l’État de droit et de la République exemplaire tant exaltée ».
Mais au-delà de cet aspect législatif, l’universitaire soulève une question de fond : la longévité des dirigeants est-elle bénéfique pour la performance des entreprises publiques ? Sur ce point, elle nuance son analyse.
D’un côté, pour les EEP performants et ne présentant pas de risques budgétaires, Viviane Ondoua Biwole considère que les dirigeants en place peuvent constituer un « actif spécifique » et contribuer à créer de la valeur. Mais de l’autre, pour la majorité des entreprises publiques, qui sont selon elle non performantes, « les dirigeants dégradent la valeur ».
Un constat qu’elle avait déjà formulé en 2023 dans un précédent article, pointant alors l’évidence du remplacement de ces PCA avant le 12 juillet 2023 pour se conformer à la loi. Près d’un an plus tard, force est de constater que la situation n’a pas évolué, avec 21 PCA ayant même rang de ministres et 5 étant gouverneurs de région.
Face à ce tableau, Viviane Ondoua Biwole interpelle les plus hautes autorités du pays. Selon elle, le président de la République devrait nommer au moins 54 nouveaux PCA avant le 12 juillet 2024 pour remettre ces entreprises publiques sur les rails de la légalité et, peut-être, de la performance.
Une recommandation qui soulève la question plus large de la gouvernance des entités publiques au Cameroun. Car au-delà du respect des textes, c’est bien la capacité de ces entreprises à remplir leur mission d’intérêt général qui est en jeu. Un défi de taille pour les décideurs, à l’heure où la performance du secteur public est plus que jamais scrutée.
Raphael Mforlem
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