(lavoixdesentreprises.info) – Le 8 octobre 2024, que la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a annoncé cette opération d’injection record de liquidité destinée aux banques commerciales de la Cemac. Bien que cette démarche témoigne d’un certain besoin en liquidité, les établissements de crédit n’ont pas pleinement saisi cette opportunité. Cet événement soulève des questions quant à la santé du secteur bancaire et l’évolution de la politique monétaire dans la sous-région.
La récente décision de la Bac d’injecter 340 milliards FCFA sur le marché bancaire de la Cemac marque un tournant significatif dans la dynamique de la liquidité au sein de cette région. Annoncée le 8 octobre 2024, cette opération représente une offre sans précédent de la banque centrale, visant à soutenir les banques commerciales qui, malgré cette généreuse enveloppe, n’ont exprimé que des besoins de 259 milliards FCFA. Le taux de souscription s’établit ainsi à 76,3 %, indiquant que les banques ne sont pas prêtes à s’engager pleinement dans cette offre.
Cette situation peut sembler paradoxale dans un contexte où les établissements de crédit ont longtemps souffert d’une politique monétaire restrictive, mise en place pour lutter contre l’inflation qui a frappé la région. L’injection massive de liquidités pourrait être perçue comme une réponse aux besoins croissants des banques, mais elle soulève également des préoccupations quant à leur capacité réelle à utiliser ces fonds efficacement. Depuis plusieurs mois, les banques avaient régulièrement exprimé des besoins en liquidité se situant autour de 250 à 260 milliards FCFA, un seuil qui semble désormais être un plafond plutôt qu’un plancher.
L’élément essentiel à considérer ici est l’héritage d’une politique monétaire d’austérité qui a prévalu durant plus de deux ans. Cette stratégie, bien que justifiée par la nécessité de contenir l’inflation, a eu pour conséquence d’assécher les ressources des banques, restreignant ainsi leur capacité à octroyer des crédits. Avec une telle approche, la Beac visait à stabiliser le marché, mais les résultats montrent que cette mesure a également engendré des effets secondaires préoccupants sur la liquidité bancaire.
Au cours du deuxième trimestre de 2024, un changement de cap a été amorcé, la Beac ayant commencé à assouplir les restrictions imposées aux banques. Cela était en grande partie dû à une atténuation des pressions inflationnistes observées depuis le début de l’année. Ce revirement a permis à la banque centrale de reprendre les opérations d’injection de liquidité en juin, après une suspension de plus d’un an. Toutefois, le fait que les banques n’aient pas pleinement saisi cette occasion d’accroître leur liquidité pourrait indiquer une certaine prudence de leur part ou une méfiance à l’égard de la pérennité de cette tendance.
Dans cette optique, il est crucial de se pencher sur les raisons qui expliquent cette sous-souscription. Les établissements de crédit, peut-être encore marqués par les restrictions précédentes, pourraient hésiter à s’engager dans une dynamique d’emprunt accrue, craignant un retour à une politique monétaire stricte. De plus, l’incertitude économique ambiante pourrait inciter les banques à adopter une approche plus conservatrice, privilégiant la constitution de réserves plutôt que l’octroi de crédits.
La question qui se pose alors est celle de l’avenir de la politique monétaire de la Beac. Si l’injection de liquidité actuelle semble répondre à un besoin immédiat, il est essentiel de se demander si la banque centrale parviendra à maintenir un équilibre entre soutien à la liquidité et contrôle de l’inflation. Une réduction des offres de liquidité en dessous des niveaux actuels pourrait avoir des conséquences néfastes pour les banques, qui ont déjà été éprouvées par des années de restrictions.
L’injection de 340 milliards FCFA par la Beac constitue un moment charnière pour le secteur bancaire de la Cemac. Alors que les banques montrent une réticence à absorber pleinement cette offre, il est impératif que la banque centrale évalue les conséquences de ses choix politiques afin de garantir une véritable stabilité économique dans la région. Le chemin à suivre sera déterminant pour la santé des institutions financières et pour l’économie dans son ensemble.
S.N
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