(lavoixdesentreprises.info) – Le 24 septembre 2024, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a lancé une offre de liquidité exceptionnelle de 260 milliards de FCFA aux banques commerciales des six pays de la Cemac. Malgré l’ampleur de cette enveloppe, la demande a explosé, atteignant 457 milliards de FCFA, révélant ainsi des tensions sous-jacentes dans le système bancaire et soulignant les défis économiques que la région doit surmonter.
La récente ruée des banques vers les liquidités de la Beac est survenue après une période prolongée d’austérité monétaire, instaurée fin 2021 pour lutter contre une inflation galopante, estimée à 20 %. Cette politique, qui visait à restreindre la liquidité pour stabiliser les prix, a conduit à des conditions de crédit plus strictes et à une tension palpable sur le marché. Cependant, avec une légère détente des tensions inflationnistes observée depuis le début de l’année 2024, la Beac a amorcé un assouplissement de sa politique en relançant les opérations d’injection de liquidité à partir de juin.
Malgré cette évolution, la prudence demeure le mot d’ordre de la Beac. Lors de la troisième session de son Comité de politique monétaire, tenue le 23 septembre 2024, l’institut a maintenu ses taux directeurs, qui avaient été progressivement augmentés pour limiter l’accès des banques au refinancement. Cette approche vise à garantir que la reprise de liquidité ne se traduise pas par un rebond incontrôlé de l’inflation, actuellement estimée à 4,2 % pour 2024.
La situation actuelle met en lumière un paradoxe : alors que les banques expriment des besoins croissants en liquidités, la Beac doit trouver un équilibre délicat pour éviter de compromettre la stabilité économique. En effet, l’institut d’émission pourrait être amené à accroître ses offres dans les semaines à venir, en réponse aux sollicitations toujours plus pressantes des établissements de crédit qui cherchent à soutenir les économies locales. Le cadre monétaire, bien que plus flexible qu’auparavant, doit rester sous contrôle afin de ne pas dépasser le seuil de tolérance fixé à 3 % par la Cemac.
L’annonce de la Beac de porter ses offres potentielles à 500 milliards de FCFA en cas de besoin souligne la volonté de l’institution de répondre aux urgences économiques tout en gardant un œil vigilant sur l’inflation. Ce choix témoigne d’une compréhension des enjeux économiques complexes qui affectent la région. En effet, la gestion monétaire doit se faire dans un contexte où les besoins de financement se heurtent à des réalités économiques parfois imprévisibles.
L’expert en économie régionale, Yvon Sana Bangui, a exprimé l’espoir que cette politique monétaire mesurée permettra de ramener l’inflation à des niveaux conformes aux standards communautaires d’ici 2025. Cette ambition, bien que louable, nécessite une attention constante et des ajustements rapides face aux évolutions du marché.
Il est important de relever que, la situation actuelle révèle une dynamique complexe entre les besoins croissants des institutions financières et la nécessité d’une gestion monétaire rigoureuse. La Beac doit naviguer habilement entre ces exigences pour garantir la stabilité économique des pays de la Cemac, tout en évitant les pièges d’une injection excessive de liquidités. La route vers une économie saine et stable semble semée d’embûches, mais avec une approche réfléchie, l’institut pourrait bien réussir à établir un équilibre durable.
S.N
About The Author
En savoir plus sur La Voix des Entreprises
Subscribe to get the latest posts sent to your email.