(lavoixdesentreprises.info) – En pleine crise des télécommunications au Cameroun, Camtel, l’opérateur public, accuse MTN et Orange de dégrader la qualité de l’internet dans le pays. En réponse, MTN dénonce la gestion frêle de la fibre optique par Camtel, révélant ainsi les véritables enjeux d’un secteur en pleine tourmente.
Dans un contexte où la connectivité devient essentielle pour le développement, le secteur des télécommunications au Cameroun se trouve plongé dans une querelle qui soulève des questions cruciales sur la gestion des infrastructures. Camtel, l’opérateur public, a récemment accusé MTN et Orange, ses concurrents privés, de dégrader la qualité de l’internet dans le pays. Cependant, la réponse de MTN met en lumière des enjeux bien plus complexes, révélant une crise qui pourrait avoir des conséquences durables sur les utilisateurs.
Camtel a exprimé ses préoccupations dans un communiqué, affirmant que les difficultés rencontrées par certains opérateurs, notamment en raison d’un nombre d’abonnés élevé, entraînent une congestion qui nuit à la qualité des services. Cette déclaration a été perçue comme une tentative de Camtel de détourner l’attention de ses propres lacunes dans la gestion de la fibre optique, essentielle pour la transmission des données. Selon des rapports, la situation est particulièrement dramatique dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua, où des coupures répétées de la fibre affectent gravement la connectivité. MTN a souligné que ces interruptions, qui surviennent en moyenne deux fois par jour, sont directement liées à la gestion de l’infrastructure par Camtel.
La réaction de MTN a été immédiate, qualifiant les accusations de Camtel de désinformation. La filiale sud-africaine a insisté sur le fait que la détérioration des services ne peut être attribuée uniquement à la concurrence, mais doit également être examinée à travers le prisme de la gestion de la fibre optique, dont Camtel détient le monopole. Le communiqué de MTN rappelle que la responsabilité de fournir une infrastructure fiable incombe à Camtel, qui doit garantir une qualité de service adéquate pour les autres opérateurs. Cette situation met en exergue des tensions croissantes entre les acteurs du marché, chacun tentant de se dédouaner des problèmes qui affectent directement les consommateurs.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une augmentation de plus de 40 % des coupures de fibre optique a été enregistrée au cours de l’année écoulée, et plus de la moitié des utilisateurs de services de télécommunication se plaignent d’une qualité de connexion insatisfaisante. Ce climat de mécontentement est exacerbé par des sanctions imposées par l’Agence de Régulation des Télécommunications, qui a infligé des amendes aux principaux opérateurs pour non-respect des normes de qualité. Malgré ces pénalités, les chiffres de profit des opérateurs restent impressionnants, avec MTN et Orange capturant presque 99 % du marché.
Ce conflit met en lumière une réalité troublante : alors que les entreprises réalisent des profits colossaux, la qualité des services ne suit pas. Les utilisateurs, de leur côté, se retrouvent piégés dans ce jeu de pouvoir entre les opérateurs. La connectivité, qui devrait être un droit fondamental, devient une source de frustration, et les critiques s’intensifient quant à la capacité des régulateurs à protéger les consommateurs.
Ainsi, ce bras de fer entre Camtel, MTN et Orange soulève des questions essentielles sur la gestion des infrastructures de télécommunication au Cameroun. Alors que le pays aspire à une modernisation de son réseau et à une amélioration de la qualité des services, la responsabilité de cette situation chaotique ne peut être attribuée à un seul acteur. Les attentes des utilisateurs sont de plus en plus pressantes, et la nécessité d’une approche collaborative entre les opérateurs et les régulateurs est plus que jamais cruciale pour restaurer la confiance et améliorer l’expérience des usagers.
Raphael Mforlem
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