(lavoixdesentreprises.info) – À quelques semaines de la fin de l’exercice budgétaire 2024, le ministère des Marchés publics (Minmap), envisage de prendre des mesures drastiques contre les entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, qui auraient, sans raison valable, abandonné des chantiers sous leur responsabilité. Pour ce faire, un délai de 21 jours leur est accordé pour reprendre les travaux ou justifier leur inactivité, sous peine de suspension de contrats.
Le paysage des infrastructures au Cameroun est actuellement marqué par des défis significatifs, notamment l’abandon de chantiers cruciaux, tels que la construction d’un pont en béton armé sur le Mayo Tagouri, qui devrait relier la route communale entre Tignère et Wogomdou dans la région de l’Adamaoua, ainsi qu’un complexe de gare routière à Akonolinga, dans la région du Centre. Ces projets ne sont pas seulement des travaux d’infrastructure ; ils représentent également des opportunités vitales pour le développement économique et social des communautés locales. Leur achèvement est essentiel pour améliorer l’accès aux services et renforcer la connectivité régionale. Cela souligne la nécessité pour les entreprises engagées dans ces projets de faire preuve d’une réactivité exemplaire afin d’éviter des retombées négatives pour les populations concernées.
Conscient de ces enjeux, le Minmap, sous la direction d’Ibrahim Talba Malla, met en œuvre des mesures strictes pour lutter contre l’abandon des chantiers par les entreprises. Au cours des dernières semaines, une liste de 216 entreprises a été diffusée, celles-ci étant menacées de résiliation de leurs contrats en raison de l’inactivité constatée sur des projets durant les années 2021 à 2023. Cette démarche vise à assainir un secteur souvent critiqué pour ses irrégularités et ses pratiques peu scrupuleuses. Le Minmap a donné un délai de trois semaines aux sociétés concernées pour relancer leurs activités ou fournir des justifications valables pour leur inaction. Faute de quoi, elles risquent une suspension de leurs droits d’accès aux marchés publics.
Ce n’est pas la première fois que le Minmap s’engage dans une telle initiative. En 2017, il avait déjà averti 334 entreprises pour des manquements similaires, et en 2019, certaines avaient été exclues des appels d’offres pour deux ans. En 2016, 122 entreprises avaient également été suspendues pour non-respect de leurs engagements contractuels, ce qui avait directement impacté leur capacité à participer aux appels d’offres futurs.
L’Agence de régulation des marchés publics (Armp) a identifié plusieurs facteurs à l’origine de ces abandons, notamment la corruption et des pratiques d’attribution de contrats inappropriées. L’Armp souligne que « le secteur des marchés publics au Cameroun, à l’instar de nombreux pays, est vulnérable à des pratiques corruptives qui attirent des acteurs peu qualifiés, entraînant ainsi des exécutions de projets défaillantes et des chantiers laissés à l’abandon. » Cette analyse met en lumière l’urgence d’améliorer les critères de sélection des entreprises adjudicataires, afin d’assurer non seulement la qualité, mais aussi l’efficacité des travaux entrepris.
La menace de suspension pesant sur ces 216 entreprises marque un tournant potentiel dans la lutte contre les dysfonctionnements du secteur des marchés publics au Cameroun. En promouvant la transparence et l’efficacité, le gouvernement espère mettre fin aux pratiques inappropriées et garantir la bonne exécution des projets. Toutefois, cet ultimatum soulève des interrogations sur la réaction des entreprises concernées et l’avenir des chantiers en suspens.
Ces mesures visent à s’assurer que les prestataires respectent les normes de qualité et les délais impartis. Grâce à l’intensification de ces efforts, des résultats notables commencent à émerger : entre 2012 et 2017, le Trésor public camerounais a enregistré des économies significatives, estimées à environ 500 milliards de Fcfa, grâce à une gestion rigoureuse des contrats. De plus, depuis 2015, plus de 90 % des marchés publics ont été exécutés et réceptionnés dans les dix régions du pays, un indicateur prometteur pour la durabilité des réformes en cours. Le chemin reste long, mais ces initiatives sont un pas important vers une gestion plus responsable et transparente des marchés publics au Cameroun.
Raphael Mforlem
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