(lavoixdesentreprises.info) – Le 10 octobre 2024, Simon Paley a été destitué de son poste de directeur général de Tradex lors d’une réunion du Conseil d’administration, une décision qui suscite de nombreuses interrogations. Au-delà des chiffres florissants de l’entreprise, les véritables raisons de son éviction semblent plus complexes, marquées par des tensions internes et des scandales latents.
Le limogeage de Simon Paley de son poste de directeur général de Tradex, survenu à l’issue d’une session extraordinaire du Conseil d’administration à Yaoundé, a fait l’effet d’une onde de choc dans le milieu des affaires camerounais. Nommé à ce poste en 2019, Paley avait récemment présenté des résultats financiers impressionnants, mais malgré cela, la décision de le démettre a été prise. Selon le communiqué officiel de l’entreprise, ce changement de direction coïncide avec le 25e anniversaire de Tradex, suggérant une volonté de renouvellement audacieux dans la gestion de l’entreprise. Cependant, ce communiqué ne fait que masquer des tensions internes et des enjeux bien plus profonds.
Si les résultats de Tradex affichent un bénéfice net record de 14,7 milliards FCFA, en hausse de plus de 100 % par rapport aux cinq dernières années, cette performance n’a pas suffi à rassurer certains actionnaires, notamment ceux de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), qui détient 54 % du capital. En effet, la décision de limoger Paley a été approuvée par une majorité des voix lors de ce Conseil d’administration, malgré l’opposition des actionnaires de Geogas. Ce vote a soulevé des interrogations quant aux motivations réelles derrière cette éviction, souvent qualifiée de « perte de confiance ».
Derrière cette formule diplomatique se cachent des allégations plus graves. Deux affaires ont été citées comme motifs de cette perte de confiance. La première concerne le scandale Glencore, où des pots-de-vin auraient été versés à des cadres de la SNH. La seconde affaire, celle de la Trad’Card, a vu la société perdre environ deux milliards de FCFA suite à des malversations liées à une carte électronique permettant d’acheter du carburant. Bien que ces affaires aient été évoquées lors des délibérations, les proches de Paley contestent leur pertinence. Selon eux, aucune preuve tangible n’a été fournie pour établir un lien direct entre Paley et ces scandales.
L’entourage de l’ancien DG remet également en question la gestion des affaires internes de Tradex. Des employés rapportent un climat de travail devenu délétère, aggravé par des décisions jugées trop strictes. Par exemple, l’imposition d’une bureaucratie excessive pour des pauses de travail et la suppression d’avantages tels que le « Car plan » ont exacerbé les tensions. Ces mesures ont conduit à un turnover significatif parmi les cadres, dont certains ont quitté l’entreprise peu après leur nomination.
D’après Investir au Cameroun, au-delà de ces facteurs internes, le limogeage de Paley pourrait aussi être interprété dans le contexte plus large de la crise qui secoue la SNH, la maison-mère de Tradex. Des désaccords au sein du Conseil d’administration de la SNH sur des opérations financières ont créé une ambiance de méfiance, et certains observateurs voient dans l’éviction de Paley un acte de répercussion dans une lutte de pouvoir plus vaste. En effet, l’Ex-DG était perçu comme un candidat potentiel pour succéder au directeur général historique de la SNH, Adolphe Moudiki. Cette proximité aux hautes sphères du pouvoir pourrait avoir suscité des jalousies et des rivalités au sein de l’appareil décisionnel.
Ainsi, le limogeage de Simon Paley semble être le résultat d’une confluence de facteurs internes et externes. Si les résultats financiers de Tradex sont indéniablement positifs, les tensions internes, les scandales latents et les rivalités de pouvoir ont contribué à créer un environnement propice à son éviction. L’avenir de Tradex, désormais dirigé par Emmanuel Patrick Mvondo, reste incertain. Cette transition pourrait bien être le prélude à une nouvelle ère de gestion, mais pas sans ses propres défis, tant sur le plan opérationnel que sur celui de la confiance des employés et des actionnaires. Les véritables enjeux de cette éviction, bien plus complexes qu’il n’y paraît, méritent une attention soutenue, tant ils pourraient façonner l’avenir de cette entreprise phare du secteur pétrolier camerounais.
Raphael Mforlem
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