(lavoixdesentreprises.info) – Le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a récemment annoncé la réouverture des exportations de riz blanc non basmati en provenance d’Inde. Cette décision, prise dans un contexte de forte spéculation des prix, pourrait avoir des répercussions importantes sur l’accès à cette denrée essentielle pour les consommateurs camerounais. En permettant l’importation de riz sans droits de sortie, le gouvernement vise à contrer les pratiques douteuses qui perturbent le marché local.
Le 28 septembre 2024, le gouvernement indien a officialisé la reprise des exportations de riz blanc non basmati, fixant un prix plancher à 490 dollars la tonne. Ce changement fait suite à une réduction des droits d’exportation sur le riz étuvé et marque un tournant significatif après l’interdiction de juillet 2023, qui visait à garantir l’approvisionnement du marché indien face à une inflation croissante. En octobre 2023, l’Inde a également accordé un quota d’importation à plusieurs pays, dont le Cameroun, pour un total dépassant un million de tonnes, dont 190 000 réservées spécifiquement à ce pays.
L’importation de ces 190 000 tonnes de riz indien, exonérées de droits de douane, s’inscrit dans une stratégie visant à constituer un stock de sécurité pour répondre aux besoins du marché national. Selon les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), l’Inde demeure le principal fournisseur de riz au Cameroun, représentant 55,2 % des importations en 2023. Cette année-là, le pays a importé 372,7 tonnes de riz, pour une valeur de 110,8 milliards FCFA, consolidant ainsi sa position face à d’autres pays fournisseurs comme la Chine.
Au Cameroun, le riz est un aliment de base vital, mais la production nationale peine à satisfaire la demande. D’après la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), la production locale atteint seulement 84 000 tonnes, alors que les besoins sont estimés à 736 565 tonnes. Cette situation entraîne des importations massives, totalisant 652 565 tonnes en 2022 pour un coût de 162,5 milliards FCFA. Les importations céréalières en 2023 ont continué d’augmenter, atteignant 387,7 milliards FCFA, le riz représentant une part significative avec un coût de 200,8 milliards FCFA.
Cette situation met en lumière l’importance stratégique de l’importation de riz pour le Cameroun, surtout dans un contexte de hausse des prix. Les nouvelles mesures prises par l’Inde et le Cameroun pourraient offrir une bouffée d’oxygène aux consommateurs en stabilisant les prix et en garantissant un approvisionnement constant. Cependant, une vigilance accrue est nécessaire pour éviter que cette opportunité ne soit compromise par des pratiques spéculatives. En somme, la relance des exportations de riz indien pourrait représenter un tournant dans la dynamique commerciale du Cameroun, offrant des perspectives d’amélioration pour les consommateurs tout en posant des défis pour assurer une régulation efficace du marché.
Anatole Bidias
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