(lavoixdesentreprises.com) – La Banque des États de l’Afrique centrale poursuit ses efforts pour établir un environnement propice au transfert des avoirs en déshérence vers la Caisse de dépôts et consignation du Cameroun (Cdec). Cette initiative, qui vise à clarifier les modalités de transfert des fonds non réclamés, a conduit à des consultations avec divers acteurs du secteur bancaire national.
La Beac, en sa qualité de régulateur, a récemment intensifié ses actions pour résoudre les différends entourant le transfert des fonds dévolus à la Cdec. Après une première rencontre avec le Directeur général de la Cdec, le gouverneur de la Beac, Yvon Sana Bangui, a organisé des séances de travail les 21 et 22 août dernier. Ces réunions ont réuni des représentants de l’Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam), des associations de consommateurs et des dirigeants des banques opérant sur le territoire.
Lors de ces échanges, Yvon Sana Bangui a souligné l’importance d’un dialogue ouvert et constructif. Il a insisté sur la nécessité d’un cadre réglementaire clair, garantissant transparence et protection des intérêts des clients tout en préservant la stabilité du système financier. Ce processus de médiation vise à apaiser les tensions entre les banques, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) et la Cdec, qui se sont intensifiées ces derniers mois.
La Cdec, engagée dans un processus de recouvrement de fonds qui lui sont attribués, a été confrontée à des obstacles. En juillet, la Cobac avait ordonné aux banques de suspendre les transferts de ces avoirs, invoquant l’absence d’un cadre réglementaire clair au sein de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac). Ce vide juridique a suscité des inquiétudes quant à la gestion des fonds non réclamés, laissant les établissements de crédit dans une position délicate.
Richard Evina Obam, le directeur de la Cdec, a exprimé son désaccord avec la Cobac, affirmant que cette dernière n’avait pas le droit de s’immiscer dans des domaines relevant de la souveraineté de l’État. Il a également accusé un prétendu « lobby bancaire » d’influencer la Cobac pour entraver le transfert des ressources. En réponse, il a menacé de procéder à un recouvrement forcé si les banques ne respectaient pas les directives de la Cdec, une position qui a trouvé un écho favorable auprès des plus hautes instances de l’État.
La Beac, dans son rôle de médiateur, a réaffirmé son engagement à soutenir la Cdec dans sa mission. Elle a annoncé la création d’un groupe de travail destiné à élaborer des solutions consensuelles pour faciliter les transferts de fonds. Cette initiative vise non seulement à établir un cadre réglementaire solide, mais aussi à renforcer la coopération entre tous les acteurs concernés.
La Cdec, en tant qu’organisme public, est responsable de la collecte, de la sécurisation et de la rentabilisation des ressources publiques et privées. Elle est également habilitée à gérer des services spécifiques pour le compte de l’État. À ce jour, plusieurs institutions, dont la Société Générale, Bicec et Standard Chartered Bank, ont déjà transféré environ 27 milliards de Fcfa à la Cdec, conformément aux délais fixés par le gouvernement.
Cette dynamique de dialogue et de collaboration est essentielle pour garantir la bonne gestion des fonds en déshérence et promouvoir le développement économique du Cameroun. La mise en place d’un cadre réglementaire adéquat permettra non seulement de sécuriser les intérêts des clients, mais aussi d’assurer une meilleure traçabilité des opérations financières. La Beac et la Cdec semblent donc sur la voie d’un accord qui pourrait renforcer la confiance dans le système bancaire camerounais, tout en facilitant le financement des projets de développement national.
S.N
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