(lavoixdesentreprises.info) – La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a pris les rênes pour tenter de résoudre les tensions entre la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (Cobac) et la Caisse des Dépôts et Consignations (Cdec) concernant la gestion des avoirs en déshérence et des comptes inactifs. Le 7 août 2024, une réunion de travail présidée par le gouverneur de la Beac a abouti à la création d’un groupe de travail pour mettre en œuvre des solutions durables et maintenir la confiance des acteurs de la place financière en zone Cemac.
En tant que superviseur bancaire régional, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (Beac) s’est positionnée en médiateur dans le conflit opposant la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (Cobac) et la Caisse des Dépôts et Consignations (Cdec) du Cameroun. Deux institutions qui s’affrontent depuis quelque temps sur la question de la gestion des avoirs en déshérence et des comptes inactifs.
Alors que la Cdec, établissement public camerounais, exerçait des pressions sur les banques pour qu’elles lui rétrocèdent ces fonds, la Cobac, autorité de supervision bancaire de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac), a récemment invité les établissements à « surseoir au processus de transfert », évoquant un vide juridique.
Face à cette situation conflictuelle, le gouverneur de la Beac, Yvon Sana Bangui, a convoqué une réunion de travail à Yaoundé le 7 août 2024. Cette concertation, qui a réuni les représentants de la Beac, de la Cobac et de la Cdec, visait à « préserver la stabilité financière de la Cemac », selon le communiqué du gouverneur.
À l’issue de cette rencontre, un groupe de travail a été constitué, comprenant toutes les parties prenantes, avec pour mission d’identifier des pistes de convergence et de formuler des recommandations concrètes. L’objectif est de lever les obstacles actuels et de renforcer la confiance entre les acteurs du secteur financier.
Le gouverneur de la Beac a souligné la nécessité d’harmoniser le cadre réglementaire de la supervision bancaire au sein de la Cemac, afin de mieux encadrer les activités des caisses des dépôts et garantir une gestion efficace et transparente des fonds publics. De son côté, le directeur général de la Cdec a exprimé l’engagement de son institution à collaborer étroitement avec les autres parties pour parvenir à un consensus.
Ce nouveau développement intervient dans un contexte de tensions croissantes entre la Cobac et la Cdec. En effet, la Cdec avait accusé le « lobby bancaire » d’avoir influencé la Cobac, l’institution de supervision bancaire régionale. La Cdec avait même menacé de procéder à un recouvrement forcé des ressources qu’elle réclamait aux banques.
Autre acteur impliqué dans ce dossier, le Fonds Monétaire International (FMI), avec qui le Cameroun est sous-programme. Dans un rapport consulté par EcoMatin, le FMI estime que « la Cdec devrait être pleinement reconnue par la Cobac en tant qu’institution financière, sans bénéficier d’exemptions spécifiques en raison de son appartenance à l’État ».
Espérons que le compromis recherché par la Beac, en tant que superviseur bancaire régional, permettra de résoudre ce différend et de clarifier le cadre juridique et réglementaire entourant la gestion des avoirs en déshérence et des comptes inactifs au Cameroun. Cela permettrait à la Cdec de remplir pleinement sa mission de collecte, de sécurisation et de valorisation des ressources publiques et privées pour soutenir les politiques publiques.
Raphael Mforlem
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